Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Les commerces « essentiels » impactés par la crise sanitaire
Serrurerie, plomberie, garage ou blanchisserie… À Menton et Roquebrune, certains commerces ont l’autorisation d’ouvrir au public. En pratique, ils subissent de plein fouet les mesures de confinement
Dans un arrêté, paru ce lundi au Journal officiel, le gouvernement a détaillé la liste des établissements « essentiels », c’est-à-dire ceux qui peuvent ouvrir malgré les mesures de confinement. Magasins et marchés alimentaires, pharmacies, banques, bureaux de tabac et de presse ou encore les stations essence… Officiellement, tous ces commerces ont l’autorisation de recevoir du public. En pratique, leur activité est fortement impactée depuis les mesures de confinement. « Mon activité s’est considérablement ralentie. J’assure une veille téléphonique et je me déplace uniquement pour des situations urgentes, confirme Jérémy Allari, responsable de Menton serrurerie. Par exemple, aujourd’hui (hier), je dois dépanner une personne qui n’a plus de clef pour rentrer chez elle. Mais c’est bien ma seule intervention du jour. »
« On continue pour rendre service »
Devant le peu de clients, le responsable du Pressing Center clean de Roquebrune a procédé à une réorganisation. Les horaires ont ainsi été revus à la baisse, ses deux employés ont été mis au chômage. Quant à la ligne téléphonique, il l’a basculée sur son portable. « Nous n’avons eu que 4 à 5 personnes hier matin, ce n’est rien du tout. Mais elles étaient contentes qu’on soit ouverts. On continue pour rendre service, notamment pour ceux qui vont travailler à Monaco. On ne veut pas qu’ils soient embêtés », détaille-t-il. Précisant être prêt à se rendre chez ses clients pour récupérer leur linge, dans l’idée de le leur ramener une fois le travail effectué. La mairie leur a par ailleurs passé commande pour s’occuper des vêtements des employés nettoyant les rues. Pour Jean-Jacques Massa, responsable de la « quincaillerie mentonnaise » de la rue du Louvre, la liste des commerces essentiels semble floue pour les habitants. « Beaucoup ont été très surpris de me voir ouvrir le magasin. » Une baisse de la fréquentation qui oblige le commerçant à fermer sa quincaillerie l’après-midi. « La très grande majorité de mes clients sont des personnes âgées mais elles ne sortent plus depuis la crise sanitaire. Mes seuls clients sont des artisans qui viennent d’approvisionner et des personnes qui en profitent pour repeindre leur maison.
Mais il y a aussi des personnes qui viennent pour des situations urgentes comme changer la pièce d’un robinet ou celle de la chasse d’eau. » Et c’est pour ces situationslà que Jean-Jacques Massa s’inquiète. « Tous les grossistes ont fermé et je ne suis plus livré. Bientôt, il y aura certains outils essentiels qui vont manquer. »
Livraison à l’arrêt et pièces détachées introuvables
Même constat pour l’entreprise de plomberie Seva frère de Menton. « Par exemple, il va devenir impossible pour nous de changer un chauffe-eau. Nous n’avons plus de stocks et tout est à l’arrêt. De plus, tous les chantiers sont fermés. Les ouvriers n’avaient pas de masque et il fallait assurer leur sécurité » ,témoigne Elisa. L’employée assure tout de même un accueil – à distance – du public. Devant cette situation inédite, certains commerces « essentiels » ont carrément décidé de tirer le rideau comme le garage
« Evo Mécanique Auto » de Monti. « Tous les fournisseurs sont fermés et il est impossible d’obtenir des pièces détachées. De plus, réparer une voiture, c’est prendre des risques car il faut échanger des documents et rentrer dans un véhicule potentiellement infecté. Or, nous n’avons aucune protection », précise Emelyne Bernard, responsable de l’entreprise avec son mari, Vincent. Bien sûr, le garage de Monti ouvrira ses portes en cas d’urgence comme dépanner une aidesoignante ou réparer un véhicule qui assure des livraisons pour les plus fragiles. À plus long terme, le couple craint que le confinement ne mette en péril leur activité. « Nous sommes des travailleurs non salariés, et ce mois-ci, nous n’aurons pas de rentrée d’argent. J’espère que nous bénéficierons d’aides suffisantes de l’État pour rebondir. »