Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La BCE s’attend à une récession « considérable »
Critiquée au début de la crise, l’institution, qui a dévoilé mercredi un plan massif de 750 milliards d’euros, exhorte les États à « être au rendez-vous » par le biais d’interventions budgétaires
La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a dit s’attendre à une récession « considérable » en zone euro en raison de l’impact de l’épidémie de coronavirus, dans une tribune parue hier dans plusieurs journaux européens. « Une grande partie de l’économie est temporairement à l’arrêt, par conséquent l’activité économique dans la zone euro va se contracter considérablement », estime la dirigeante française dans ce texte, publié notamment dans Le Figaro en France, Handelsblatt en Allemagne, le Financial Times au RoyaumeUni, La Repubblica en Italie et El Mundo en Espagne. Une tribune diffusée au lendemain de l’annonce par l’institut monétaire d’un plan massif de 750 milliards d’euros pour tenter de soutenir l’économie européenne.
« Au service des Européens »
Et si cela ne devait pas suffire, la BCE fera « tout ce qui est nécessaire dans le cadre de [...] mandat pour aider la zone euro à surmonter cette crise », car l’institution « est au service des Européens », martèle la présidente française, qui a pris ses fonctions en novembre et pour qui la crise du coronavirus constitue son baptême du feu. L’ancienne ministre a fait l’objet de critiques pour sa communication hasardeuse autour de la gestion de cette crise, lors de l’annonce la semaine dernière d’un premier plan de soutien de la part de la BCE. Elle avait alors donné le sentiment de ne pas vouloir se préoccuper des pays de la zone euro, comme l’Italie, durement frappés par la propagation du virus et qui voient le coût de leurs emprunts sur les marchés grimper. Son premier plan a aussi été jugé insuffisant par le Président français Emmanuel Macron, notamment. Ce dernier s’est en revanche félicité du suivant, annoncé mercredi soir et consistant en un plan massif de rachat de dette d’État et d’entreprises pour inciter les banques européennes à continuer à prêter et ainsi à soutenir emploi et production. Si la BCE a été amenée à sortir l’artillerie lourde mercredi soir, c’est parce que « les conditions financières dans la zone euro se sont nettement détériorées » ces derniers jours, et que « notre évaluation de la situation économique s’est assombrie », explique Christine Lagarde dans sa tribune. Le dispositif d’urgence face à la pandémie représente «7,3%du PIB de la zone euro » et a pour but d’offrir une bouffée d’oxygène à une économie grippée par le virus. Mais si la politique monétaire a apporté une réponse forte, «les politiques sanitaires et budgétaires sont au premier plan », met-elle en avant. Une manière d’appeler les gouvernements à délier eux aussi les cordons de la Bourse.
Appel à « une plus grande solidarité financière »
Ses exhortations adressées aux États européens il y a une semaine, puis lors de réunions de l’Eurogroupe à Bruxelles, pour que ceuxci apportent une réponse budgétaire coordonnée à la crise, sont restées pour le moment lettre morte. Chaque pays joue pour le moment surtout sa propre partition, tout comme dans le domaine sanitaire ou, dans une certaine mesure, dans celui du contrôle auwx frontières. Sur la question budgétaire Emmanuel Macron est sur la même ligne que Christine Lagarde. « À nous, États européens, d’être au rendezvous par nos interventions budgétaires et une plus grande solidarité financière au sein de la zone euro », a-t-il dit mercredi. Traditionnellement plus orthodoxe, l’Allemagne est plus prudente sur le sujet, mais elle a mis de l’eau dans son vin. Selon des médias allemands, Berlin pourrait assouplir dimanche ses règles en matière budgétaire afin de pouvoir faire du déficit.