Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Faire du sport pour évacuer le stress »
Comment continuez-vous à suivre vos patients souffrant de dépression ?
Je fais des vidéo-consultations. C’est très compliqué. Quand le patient n’est pas bien, on n’a que la parole pour verbaliser notre empathie : on ne peut pas tendre un mouchoir ou un verre d’eau... Ensuite, se pose un problème de confidentialité ; dire des choses assez personnelles dans un appartement où se trouve son mari ou sa femme, c’est assez compliqué. À cela s’ajoute la mauvaise qualité de la vidéo, dans laquelle il manque la vision globale de la façon dont le corps s’agite. Néanmoins, la vidéo-consultation apporte des effets thérapeutiques indispensables. C’est presque aussi efficace qu’en visuel.
Comment des personnes dépressives vivent-elles leur confinement ?
Elles réagissent toutes très mal. Elles éprouvent un grand sentiment de solitude. Des gens qui se sentaient coupés du monde le sentent d’autant plus. En outre, un danger rationnel – la pandémie – se rajoute à un phénomène d’angoisse irrationnel. L’angoisse s’en trouve démultipliée.
Au vu de l’ampleur de la crise, il y a de quoi être un peu anxieux, non ?
Dans les cas de psychiatrie, les idées complotistes prospèrent. Chez les patients qui présentent des troubles paranoïdes, les sensations de danger explosent, les délires paranoïaques atteignent des stades paroxystiques. À cela s’ajoute la destitution des paroles d’autorité, des politiques comme des experts. Cela laisse la place à des interprétations fausses.
Il y a risque de phénomène de stress post-traumatique à grande échelle ?
C’est réel. Les conditions de confinement peuvent être délétères. Nous aurons une hausse de stress post-traumatique du fait du confinement et de la façon dont on a traité la pandémie. Qui plus est, nous sommes dans une zone qui a subi un traumatisme de masse... On ne peut pas faire de prospective. Mais on a un terreau très sensible.
Que conseillez-vous pour être bien ?
La chose la plus importante, c’est de faire du sport. Que les gens confinés s’astreignent à en faire devant leur fenêtre, même - minutes : c’est la meilleure façon d’évacuer toutes les toxines et le stress ! Ensuite, faire du yoga, de la relaxation, de la méditation. Et continuer à échanger avec nos proches, prendre soin d’eux en échangeant avec eux. Ecouter de la musique, des podcasts, lire, c’est le meilleur moyen de se tirer de ce confinement par l’évasion. Il faut éteindre les informations h/, dont la répétition est délétère, et se limiter à aller chercher l’information une ou deux fois dans la journée.