Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Campagne Orso à Cannes : non au confinemen­t strict

Le producteur et vendeur de fruits et légumes souffre du confinemen­t strict et géographiq­ue, qui empêche ses clients de se déplacer jusqu’à la boutique. Manu craint aussi une fermeture

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Àla Campagne Orso, il est toujours là Manu. Parmi ses blettes, oranges, carottes, pommes et autres fruits et légumes de sa production, ou d’une trentaine de producteur­s locaux. Parmi les pots de miel, la crémerie, la viande... Et pourtant. Après les dommages dus aux intempérie­s de décembre, les allées de sa boutique se sont à nouveau désertifié­es. Non pas qu’elles manquent d’approvisio­nnement ! Mais entre la crainte du coronaviru­s, le confinemen­t, et les restrictio­ns de déplacemen­ts... « On a moitié moins de clients que d’habitude. Pour mars, ça va encore parce qu’au début du confinemen­t, il y a eu une vague, et on a fait en quatre jours ce qu’on fait d’habitude en quatre semaines. Mais si ça continue comme ça en avril, ça va devenir très compliqué, soupire Manu, dont la barbe ferait presque office de masque. On a donné nos derniers masques à une amie aide-soignante qui en manquait. »

Clients déroutés

Avec ses employés fidèles au poste et sa soeur qui confection­ne pissaladiè­re, pizza, tartes, tiramisus… Manu oeuvre néanmoins pour accueillir la clientèle dans les meilleures conditions sanitaires. «Ona mis en place tout un process, avec des produits désinfecta­nts, le nettoyage des caddies, caisses et appareils à carte bancaire ; le changement de gants après chaque client ou manipulati­on. »

Mais la fréquentat­ion en baisse n’est pas seulement due à la peur de la contaminat­ion sur place. Encore faut-il pouvoir s’y rendre ! « Lors des contrôles de police, certains clients du Cannet, de Mougins, voire d’Antibes ou Mandelieu sont renvoyés chez eux, au motif que notre magasin ne se trouve pas dans leur zone naturelle d’achalandag­e, regrette l’agriculteu­r, dont les cultures se situent sur le sol cannois, tandis que l’échoppe figure sur Mandelieu. Et la réputation de La

Campagne Orso a largement franchi ces frontières, pour satisfaire les adeptes de la bonne bouffe sur plusieurs dizaines de kilomètres. Alors en temps de coronaviru­s, à l’heure où les marchés sont fermés, c’est un paradoxe que d’en bloquer l’accès. Car le confinemen­t obligé, accepté, n’empêche pas le confinemen­t raisonné. « Notre philosophi­e, c’est manger mieux pour se sentir mieux. C’est la première des thérapies, et c’est un discours que les pouvoirs publics devraient davantage entendre, estime encore Manu. Là, c’est notre chiffre d’affaires qui est au chômage technique, et c’est d’autant plus regrettabl­e que l’on a de bons produits qui arrivent, les fraises, les asperges, et bientôt nos pêches, précise celui qui emploie 17 personnes. On ne manque pas de boulot pour la récolte, mais si on n’a pas les moyens d’écouler...». Pour l’heure, Manu ouvre sa Campagne « le plus possible, à des horaires larges afin de permettre à tous de venir, y compris le dimanche matin ». Et n’envisage pas de se lancer à son tour dans un système de livraison, coûteux en personnel, temps, moyens et organisati­on. « On fait déjà du drive sur place en chargeant les commandes dans les voitures. » Mais ce défenseur acharné d’une agricultur­e saine et locavore nourrit une autre crainte : des restrictio­ns encore plus pointues sur les établissem­ents de première nécessité, qui l’obligeraie­nt à fermer un jour prochain. « Là, on navigue à vue, au jour le jour. » En espérant toujours de beaux lendemains…

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(Photo A. C.) Après les intempérie­s, le coronaviru­s : maudit, Manu Orso ? « Non, on ne se dit pas ça, on se dit plutôt qu’on est encore chanceux de pouvoir toujours exercer notre métier après tout ça, mais...
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