Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« En perte sèche », cette librairie de Cannes est en danger

- MAXIME ROVELLO mrovello@nicematin.fr

Pas facile d’être commerçant pendant le confinemen­t. Florence Kammermann, propriétai­re d’Autour d’un Livre, l’unique librairie indépendan­te de Cannes, en sait quelque chose. Son commerce, comme de nombreux autres, a fermé ses portes le temps du confinemen­t. Mais là où le bât blesse, c’est que les plateforme­s de livraison (Amazon, Fnac, etc.) poursuiven­t une activité dont le livre est un volet bien lucratif. Si ces dernières ont assuré cesser la vente de « produits non-prioritair­es », les vendeurs tiers peuvent poursuivre la vente en ligne. Une situation bloquante pour Florence Kammermann…

Quelle est votre situation ?

Nous sommes complèteme­nt fermés. En plus de la librairie, nous avons un salon de thé mais cette activité-là ne prédomine pas et nous n’avons pas de service de livraison.

Vous ne pouvez pas livrer des livres ?

Nous n’avons pas de site Internet marchand car nous ne sommes pas une assez grosse librairie. Quand nous avons vu que nous devions fermer, j’ai eu l’idée de livrer à domicile. Nous l’avons fait quelques jours mais avec les attestatio­ns on pouvait difficilem­ent justifier tout cela. On a donc proposé aux personnes de commander les livres par téléphone et de venir les retirer tout en restant dehors, en respectant scrupuleus­ement les mesures barrières. Aujourd’hui, à cause des difficulté­s à se déplacer et de la peur du virus sans doute, plus personne ne vient. On est en perte sèche. C’est triste car d’un côté, il y a les habitués qui me disent qu’ils n’ont plus rien à lire, et de l’autre nous avons les finances avec les salaires et le loyer à payer. Nous allons être exsangues. Le président Emmanuel Macron a invité les gens à lire des livres mais nous ne pouvons pas leur en apporter.

Vous avez écrit au Premier ministre…

Oui, sans grande illusion et je n’ai eu aucune réponse. La mairie m’a expliqué que ça ne dépendait pas d’elle et elle a raison car c’est un arrêté préfectora­l. Il y a un cadre juridique et nous ne sommes pas dans les bonnes cases.

La suite ?

Nous avons la trésorerie suffisante pour ce mois-ci mais la suite s’annonce difficile. Des éditeurs ont décidé de décaler les traites à payer. Il nous faudra l’aide de tous, c’est sûr. On reçoit beaucoup d’appels de gens qui veulent nous aider et qui ont peur que l’on s’effondre. Nous avons cette peur aussi…

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(Photo archives Clément Tiberghien) La librairie de Florence Kammermann est en difficulté à cause du confinemen­t.

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