Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La filière équine régionale en quête de soutiens
Les équipes des centres équestres, écuries et de l’hippodrome, tous fermés au public, continuent nourrir et soigner les animaux. Ce qui signifie des charges alors qu’aucune recette ne rentre
Dans la longue liste des secteurs que le confinement met à rude épreuve, se trouve un grand nombre d’exploitations agricoles de la filière équine. Dans le Var, elles se répartissent comme suit : deux cents établissements équestres, cinquante éleveurs et quatorze entraîneurs de courses (1). « Beaucoup de professionnels équins sont très inquiets. Les activités équestres et entraîneurs de courses notamment sont en totale détresse avec la fermeture de leurs établissements », explique Jérôme Damiens, directeur de la filière cheval Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Continuer à nourrir et entretenir les animaux
« Sans entrée de public, ni courses, il n’y a plus de rentrée d’argent. Les factures alimentaires sont importantes, plusieurs milliers d’euros par mois en moyenne, précise-t-il .Les salariés peuvent être mis au chômage partiel. Mais les besoins pour sortir, entraîner les animaux, les nourrir, faire l’entretien des hébergements existent toujours. Des aides sont nécessaires pour que ces exploitants puissent honorer leurs factures d’alimentation et les paies des salariés nécessaires à l’entretien des animaux. »
Nourrir les bêtes, les promener, ramasser le crottin... L’équipe du centre équestre « Les Pouns en herbe » de Montauroux s’est réorganisée par respect du confinement.
Dans la région, beaucoup d’établissements équestres n’ayant pas de surface de production d’herbe, les charges d’alimentation (foin et concentré) sont de l’ordre de 100
par cheval et par mois. « On ne fonctionne qu’avec les cours et les balades équestres, témoigne Gwladys Duclos, du centre équestre « Les Pouns en herbe », à Montauroux, également membre du comité régional Paca. On a tout fermé dimanche dernier, donc on n’a plus de rentrée d’argent. On s’est organisé avec le personnel (une salariée, deux apprentis) en binôme pour les soins aux chevaux. On a mis en place un planning pour monter ceux des propriétaires qui sont dans des boxes. Le problème est double : on a besoin de ce personnel pour entretenir une trentaine de chevaux et une vingtaine de poneys, mais aussi la structure. Nous avons une petite trésorerie qui nous permet de tenir un peu, mais certains clubs ne s’en remettront pas. » « On est tous à l’arrêt, confirme Yvan Jonio, président de l’hippodrome d’Hyères. La course premium de mardi a été annulée et celle du 13 avril l’est aussi. On ne sait pas si la fédération va nous payer tout de même. » Les quatre salariés sont au chômage partiel. Ce sont les entraîneurs qui s’occupent de la quinzaine de chevaux se trouvant sur place.
Un quart des entreprises équestres en danger
« Si l’activité s’arrête, les charges ne s’arrêtent pas. Il faut continuer à payer nos fournisseurs d’aliments, le foin, les granulés, les céréales, mais aussi la paille et les copeaux pour les litières. C’est le premier poste de charges opérationnelles, souligne Pierre Petit, président de la filière cheval Sud Paca. Des mesures d’aides sont prises pour différer des charges, mais ça ne va pas résoudre le problème au moment de les payer. Il faudrait des annulations plutôt que des reports. » Il rappelle que « dans le Var, une demi-douzaine de structures équestres, déjà durement éprouvées par les inondations fin 2019, sont mises à mal à nouveau ». Et prévient du risque pour toute la filière : « Ce qui va être essentiel, c’est que les engagements pris par l’État soient suivis d’effets et sans tracasserie. Si les paroles ne sont pas tenues, un quart des entreprises équestres mettront la clef sous la porte. » 1 Sources : filière cheval Sud Paca.