Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
S’en sortir, sans sortir : Monaco sait tendre la main
Aux premières heures du confinement, Julia Moraly a créé un groupe d’entraide sur Facebook qui réunit aujourd’hui 2 000 membres. Elle lance un appel aux personnes isolées, vulnérables
Onze jours après sa création, le groupe d’entraide « Aides pour les résidents à Monaco pendant le confinement !! » a trouvé son rythme de croisière et embarqué près de 2 000 personnes dans son vertueux sillage. « Parce que nous sommes sûrs qu’il y a des personnes isolées ou avec des besoins spécifiques, profitons de ce groupe pour nous mobiliser et surtout communiquer entre nous. Une période un peu particulière nous attend, et des personnes ont besoin d’aide quelle qu’elle soit », précisait la page Facebook en guise de postulat, le 15 mars. Un appel qui a déjà résonné dans toute la Principauté, et même au-delà ! « Dès les premiers jours, des personnes m’ont contactée de l’étranger parce qu’elles étaient inquiètes pour leurs parents qui vivent en Principauté. Elles se demandaient comment ils pourraient se faire livrer leurs fruits et légumes notamment », confie la fondatrice et administratrice de cette plateforme, Julia Moraly, décoratrice d’intérieur en temps normal.
« S’adapter à des contraintes »
Désormais, c’est à l’aménagement d’un système D à grande échelle qu’elle planche quotidiennement depuis son appartement de l’avenue de Grande-Bretagne. « Tout est parti du confinement en Italie et du fait que c’était quasi sûr que ça allait arriver chez nous. Je me suis alors demandé : si demain je dois rester à la maison avec mon enfant et mon mari, comment je fais ? Comment feront mes voisins ? » Sitôt cette prédiction devenue réalité, la Parisienne établie en Principauté depuis cinq ans constate les barrières qui se dressent : « Toutes les activités se sont mises en stand-by. Ma nounou et ma femme de ménage italiennes ne pouvaient plus venir. Chacun a dû adapter son quotidien à des contraintes avec plus de difficultés pour les personnes âgées. » Nos anciens, c’est justement eux que le groupe d’entraide espère capter ces prochains jours (lire ci-dessus).
« Nous avons beaucoup d’offres »
Aidée par une amie modératrice, Mélanie, Julia s’efforce de faire perdurer l’âme initiale du groupe et « supprime systématiquement tous les commentaires qui portent des jugements sur cette situation déjà assez anxiogène ». Le but : privilégier la mise en relation des Monégasques, offrir un point de rencontres à l’offre et à la demande. « Le problème est que nous avons beaucoup d’offres de services mais que nous n’arrivons pas à avoir accès aux demandes pour l’instant, notamment celles des personnes les plus isolées, concède Julia. Nous sommes en contact avec le gouvernement et la mairie mais nous avons besoin des médias pour nous faire connaître des personnes qui n’ont pas les réseaux sociaux et/ou Internet. » Autant de personnes qui n’ont donc pas accès à la chaîne de solidarité qui grandit chaque jour. Une page qui fourmille de bons plans pour occuper ses journées, d’infos essentielles sur les mesures prises dans le pays, mais surtout tente de résoudre un maximum de dilemmes sur la manière de s’en sortir… sans sortir.
Créer un dialogue avec les concierges
Un ascenseur en panne ou une file d’attente interminable devant une supérette font désormais l’objet d’une alerte à la communauté. Besoin d’une place de parking pour une Niçoise dévouée quotidiennement à l’entretien au CHPG ? La communauté se mobilise. Une personne âgée ou malade qui ne peut pas sortir faire ses courses ? Un voisin se propose. Mardi soir, c’est Jenny qui implorait de l’aide après l’annulation de dernière minute du VSL de sa mère, laquelle devait subir une chimiothérapie à Marseille, hier matin. En quelques minutes, un plan B était trouvé ! Des préconisations émergent aussi, Marda suggérant par exemple au gouvernement et au Palais princier que leurs interventions soient signées en langue des signes française. Autres sentinelles essentielles que Julia Moraly essaye d’enrôler : les concierges d’immeubles. Absents des réseaux sociaux pour des raisons de confidentialité, ils ont un rôle primordial à jouer dans la gestion de cette crise. Et, comme nous tous, n’attendent qu’une main tenue.