Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Licenciements à Monaco : le coup de gueule du conseiller-ministre des Affaires sociales
C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Hier, à la lecture de Monaco-Matin, Didier Gamerdinger, conseiller-ministre des Affaires sociales et de la Santé, a bien failli s’étrangler en découvrant qu’il n’y avait pas eu une, mais trois salariées licenciées à Monaco dans une même société et sur le même fondement de l’article 6 (1), le lundi 16 mars. Déjà, jeudi dernier, lors de la session extraordinaire du Conseil national, après l’intervention de Béatrice Fresko-Rolfo dénonçant cette décision prise en pleine crise de coronavirus, Didier
Gamerdinger a clairement partagé ce point de vue.
« Illégal, inadapté et inhumain »
Alors, six jours plus tard, en découvrant que deux autres licenciements « article 6 » avaient été signifiés chez Monaco Resources Group, son sang n’a fait qu’un tour. « L’article 6 n’est pas acceptable dans les conditions actuelles », réagit-il. Interrogé hier par téléphone, le conseiller-ministre estime même qu’utiliser cette possibilité du Code du travail monégasque en ce moment est à la fois illégal, inadapté et inhumain. « Depuis des années, les décisions de justice vont dans le même sens : la mise en oeuvre de l’article 6 ne doit pas être effectuée de manière brutale, argumente-t-il. Un licenciement dans la période actuelle, c’est brutal. C’est donc illégal. » Le conseiller de gouvernement-ministre poursuit, très remonté : « L’article 6 n’est pas fait pour licencier des salariés pour des motifs économiques. Ce n’est pas légal. C’est d’autant plus illégitime que des dispositifs ont été mis en place pour aider les entreprises durant cette crise, comme le chômage technique temporaire. Près de 800 employeurs ont déjà engagé des démarches dans ce sens pour faire face à la crise. » Enfin, Didier Gamerdinger juge que l’utilisation de l’article 6 en ce moment, « est inhumain. On ne veut pas voir ça en Principauté ». Le message gouvernemental a le mérite de la clarté. (1) L’article 6 du Code du travail monégasque prévoit que la relation de travail peut être rompue par la volonté de l’une ou l’autre des parties et sans l’évocation d’un motif.