Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Pas atteint dans ma capacité à diriger le gouvernement » Monaco,
Le Ministre d’État de atteint par le Covid-19, gère le pays de chez lui depuis une semaine. Il témoigne et annonce qu’une prime sera versée aux soignants et aux secouristes
C’est un Ministre d’État à la petite voix mais aux idées claires, que le coronavirus n’a pas réussi à assombrir, confiné chez lui jusqu’à la fin du mois, « en jeans et en baskets », qui nous a accueillis au téléphone, hier après-midi. Fatigué par le virus mais n’ayant pas cessé une seconde de travailler, Serge Telle raconte, dans ce long entretien, les effets de ce « mauvais virus » ,le confinement qu’il vit totalement seul dans sa résidence du Ministère d’État, sans femme ni enfants. Le chef du gouvernement princier explique aussi comment il gère les affaires du pays sans sortir de chez lui ni rencontrer personne. Il annonce au passage que, à la demande du prince Albert II, une prime exceptionnelle de 1 000 euros sera versée à tous les agents de l’État qui se seront mobilisés sans compter dans cette crise.
Comment allez-vous ?
Je suis fatigué. Je n’ai pas de symptômes trop forts, je tousse un peu et j’ai une très légère fièvre. Ils disparaissent progressivement. Je ne toussais pratiquement plus au bout de deux jours. Surtout, je suis épuisé par ce mauvais virus. Le matin, je me lève fatigué et courbaturé, comme si j’étais passé dans une lessiveuse.
Comment vous soignezvous ?
fortes depuis mon domicile, comme celles de fermer les écoles, de restreindre la circulation ou de resserrer le confinement. Ces décisions sont prises à distance avec la même efficacité que lors d’une réunion physique. Le confinement n’empêche aucunement le processus d’analyse et de décision. En clair, je ne suis pas atteint dans ma capacité à diriger le gouvernement. Je tiens d’ailleurs à tirer un coup de chapeau aux membres du gouvernement qui sont complètement mobilisés et ont été remarquables d’efficacité jusqu’à présent. J’inclus évidemment l’ensemble de la structure administrative et l’hôpital.
L’hôpital, justement, est-il prêt à affronter le pic de l’épidémie ?
Je vous confirme que le plus dur est à venir. Nous allons avoir de plus en plus de cas. Nous avons anticipé les besoins du CHPG qui vont augmenter. Nous disposons de lits en réanimation. C’est conséquent et largement suffisant pour passer la crise. Il faut savoir que à % des personnes infectées ont besoin d’assistance respiratoire et à % de réanimation. Il faudrait un nombre de cas considérable – plus d’un millier – pour mettre nos structures sanitaires en péril. Nous sommes donc prêts à faire face au pic de l’épidémie. Nous nous sommes préparés pour répondre à des besoins très importants.
Avez-vous regretté de ne pas pouvoir participer à la session publique extraordinaire du Conseil national, jeudi dernier ?
J’aurais préféré y être, en effet. Je trouve qu’elle s’est bien passée. Le Conseil national est dans son rôle, ses revendications en matière d’information sont légitimes. Le Prince a appelé à l’unité nationale, le Conseil national aussi, tout comme le gouvernement. Le comité mixte de suivi Covid- est la bonne réponse. L’Ordonnance souveraine portant création de ce comité est prête. Nous en avons délibéré (hier) matin en conseil de gouvernement, elle (était) soumise (hier) après-midi au Prince et elle sera promulguée (demain). La première réunion du comité se tiendra lundi. J’y participerai par Skype ou téléphone.
À quoi va-t-elle servir ?
Il est encore trop tôt pour le savoir. Elle sera ce qu’on en fera. Le souverain a souhaité une meilleure circulation de l’information et le Conseil national demandait à être mieux associé compte tenu des conséquences budgétaires des décisions que nous sommes amenés à prendre. Ce comité est aussi un lieu de débats et de réflexion qui peut nous éclairer sur les décisions à prendre.