Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Condamné pour avoir harcelé son épouse
Un nouveau dossier sensible de harcèlement, avec dénonciations et témoignages du calvaire subi par une épouse, s’est imposé à l’audience du tribunal correctionnel (1). Une histoire sordide où s’affiche la relation conflictuelle d’un couple depuis huit ans. Mais le lien matrimonial a véritablement cédé entre 2017 et 2019, sous la pression des affrontements permanents. La violence, au cours de cette période destructrice, va crescendo. Comment en est-on arrivé du coup de foudre aux coups bas et aux gifles ? Le président Florestan Bellinzona s’est efforcé de mener le prévenu à s’expliquer clairement. Le magistrat fait même lecture d’enregistrements audio transcrits afin de mettre ce retraité sexagénaire face à ses responsabilités. À la barre, le mari est seul pour faire son mea-culpa. Son épouse aurait intentionnellement fait l’impasse sur sa présence à ses côtés afin de le laisser s’exprimer sans pression.
« Je ne peux ni veux me défendre »
La repentance dans l’âme, l’époux fait état de sa honte. De sa peur. « J’espère que ma famille m’a pardonné. Arrêtez de rappeler ces maux reprochés. Aujourd’hui, nous avons stoppé notre situation de divorce. Nous avons recréé du relationnel. » Le président lui demande de s’expliquer sur les raisons de harcèlement pendant trois ans. « Les conclusions de l’expert psychiatre révèlent les souffrances psychologiques ressenties par votre femme. »
L’intéressé, les yeux rougis, la gorge serrée, la voix brisée, reste dans l’expectative. « Cela s’est passé dans un contexte. Je n’ai pas envie de dénigrer ma femme. Je m’en veux d’avoir réagi à des provocations. Je ne peux ni ne veux me défendre… »
« Je suis un sanguin, j’ai marché sur la tête »
L’assesseur Séverine Lasch met en cause l’alcool. Le prévenu boit quatre verres quotidiennement, quand son épouse évoque une bouteille et demie par jour. À une question de l’autre assesseur, Adrien Candau, il répond : « C’est une crise de couple entre deux personnes aux caractères bien trempés qui s’affrontent Nous avons peut-être été dépassés par les événements. Ne limitez pas notre chance de reconstruction. Je suis un sanguin. J’ai marché sur la tête. Je n’ai jamais eu la volonté de rabaisser ma conjointe ni de l’humilier. Je suis simplement grossier quand je m’emporte. »
« Pas rassurant qu’ils se soient remis en couple »
d’apprendre que ces deux-là se sont remis en couple. Entrez en voie de condamnation avec une peine de cinq mois avec sursis, en tenant compte d’une liberté d’épreuve pas inférieure à deux ans et une obligation de soins. »
« Une dispute conjugale »
En défense, Me Alice Pastor réfute les allégations de la victime. « Ces enregistrements sont-ils des preuves objectives ? Non. Les claques ? Les violences physiques n’ont pas été retenues. Cette femme semble perdue dans sa démarche. Alors, faut-il une réponse pénale à une dispute de couple ? Je ne le pense pas, car Madame n’a pas voulu donner suite à ces dénonciations. Et elle est toujours revenue à la maison sans contrainte. Il faut arrêter de laver son linge sale dans un prétoire. L’élément intentionnel fait défaut et quand j’entends les réquisitions, je me demande si nous avons lu le même dossier. Entrez en voie de relaxe. »
Le tribunal a préféré suivre les réquisitions du ministère public.
La procureure Alexia Brianti ne se laisse pas convaincre et privilégie la consommation excessive d’alcool. « Comment, devant votre juridiction, parler de reconstruction ? Les comportements de ce personnage ont pour objet d’altérer la personnalité de la plaignante, de l’injurier, 1. de tout casser. Ce n’est pas rassurant
Cette affaire a été jugée avant la fermeture de Palais de justice et le début du confinement.