Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Var : la crainte des gelées nocturnes dans les vignes
« Cela n’a rien d’inhabituel », assure Yohan Laurito, responsable du service « Météo varoise » (1), qui accompagne de très nombreux professionnels, notamment de nombreux agriculteurs, mais aussi le service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Var. Dans la nuit de mardi à mercredi, en haut et centre Var, ainsi que dans la plaine des Maures, le mercure, qui flottait, depuis quelques semaines, largement dans le positif, est allé faire un tour en dessous du zéro. Une descente entamée dès lundi et l’arrivée d’un vent d’est passé par les Alpes du sud. Les appareils de mesure ont enregistré jusqu’à moins 5° Celsius sur les hauteurs du département, notamment à Trigance, tandis que d’autres zones se sont contentées de chuter de moins 1 à moins 3 °C. Suffisant pour causer, sinon des dégâts, au moins l’inquiétude chez les agriculteurs. En effet, les températures clémentes de ces dernières semaines ont accéléré la montée de sève, et, donc, la sortie des premières feuilles et des bourgeons. Si ces derniers peuvent résister à un léger gel (-2 à -3°C), ils sont endommagés, « brûlés », en deçà.
« Il a fait trop froid »
Alertés par les prévisions météo, certains agriculteurs ont donc tenté de protéger leurs cultures, notamment les vignes, dont certaines ont commencé leur débourrement. « Nous avons passé une partie de la nuit dehors, à pailler les rangs, mais cela ne semble pas avoir suffi : il a fait trop froid, jusqu’à -5 °C. Reste à voir ce que ça va donner dans les prochains jours », confirme-t-on du côté d’un domaine de Carcès. « Il existe différentes méthodes pour préserver la vigne du gel, confirme Yohan Laurito, mais on ne peut pas garantir leur efficacité si la température atteint -5 °C. Tout au plus peuton gagner un ou deux degrés... »
« Jusqu’à début mai »
Le météorologue prévient : « Les épisodes de gel ne sont pas exceptionnels en cette période de l’année, et ils peuvent encore survenir jusqu’au début du mois de mai. » Néanmoins, « nous allons devoir nous habituer à prendre davantage en compte ces chutes de température en raison des écarts par rapport à la moyenne de ces dernières semaines : il faut que les agriculteurs soient davantage prêts, dans les années à venir. Il faut améliorer les moyens préventifs. » Là, il n’y a pas de miracle pour le moment. On pourrait voir se généraliser, dans le Sud, les dispositifs utilisés dans les vignobles de Bourgogne : des brûleurs, des arroseurs... « Certains utilisent même des hélicoptères, qu’ils font tourner au-dessus des cultures. » Pas sûr que cette dernière méthode fasse l’unanimité cependant...