Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
crise de la quarantaine
La Formule en pole position
En règle générale, les sports automobiles appartiennent à ce qu’on peut appeler une niche. En gros, cela ne concerne que les spécialistes. Pourtant, les histoires y sont avant tout humaines et souvent tragiques. C’est le prisme par lequel l’Anglais Asif Kapadia s’est plongé dans l’univers d’Ayrton Senna pour raconter la vie sur les pistes du Brésilien entre ses débuts en 1984 jusqu’à sa mort tragique en 1994 sur le circuit d’Imola. Simplement appelé « Senna », le documentaire tourné comme un film retrace la décennie dorée du pilote brésilien, triple champion du monde et vainqueur de 41 courses, avec en point d’orgue son duel légendaire contre Alain Prost mais aussi, naturellement, sa disparition tragique lors du Grand Prix de SaintMarin. Idole au Brésil, redouté en F1, Senna était un personnage et le film de Kapadia rend hommage au mythe tout en prenant du recul sur son héritage. Détaillé, fouillé, contenant de nombreux témoignages en voix « off », il donne une vision d’abord hagiographique du pilote avant de s’intéresser à ses démons : la loi du Tallion qu’il appliquait souvent en cours quand il estime être lésé, y compris au sein de sa propre écurie, ou son duel avec Jean-Marie Balestre, patron de la FIA de l’époque. Surtout, on y voit l’impact du pilote au Brésil où il a toujours été, et demeure encore, une icône nationale absolue. Film primé aux BAFTA et à Sundance, il demeure incontournable et confirme le talent de son réalisateur qui s’est également distingué sur des projets similaires consacrés à Amy Winehouse et Diego Maradona. Plus récemment, la plateforme Netflix a misé elle aussi sur la F1 avec la production de sa propre série documentaire intitulée « Formula 1, drive to survive ». Pendant toute une saison (2018-2019 pour la première saison), la plateforme s’est baladée au sein de toutes les écuries (sauf Ferrari et Mercedes) pour narrer l’intégralité du championnat. On se balade d’une écurie à une autre en fonction des épisodes avec des problématiques différentes. On pénètre au coeur des doutes de Romain Grosjean chez Haas, de l’écurie Williams en pleine sinistrose mais on suit également la réflexion concernant sa future écurie de Daniel Ricciardo ou encore la difficile gestion des ego au sein de chaque écurie et notamment chez RedBull ou la personnalité de Verstappen est clivante. Filmée de l’intérieur, avec des personnages haut en couleur, cette série nerveuse rend accroc à la F1 les néophytes. On est rapidement pris dans le tourbillon frénétique du championnat. La première saison a été plébiscitée par la critique et Netflix vient de sortir la deuxième (s’étalant sur le championnat 2019-2020) avec forcément des nouveautés puisque les deux mastodontes Ferrari et Mercedes ont joué le jeu. Ainsi, on se prend rapidement d’affection pour Toto Wolf, le patron autrichien de Mercedes au physique de dandy et au phrasé atypique même si l’Italien Günther Steiner, qui officie chez Haas, reste l’un des personnages les plus sympathiques du paddock. Chez les pilotes, mention spéciale à Daniel Ricciardo, humain et attachant, et aux Français Pierre Gasly et Romain Grosjean, à la fois fragiles et déterminés. Senna, disponible sur Netflix.
Formula one, les deux saisons (20 épisodes) sont également disponibles sur Netflix.
Quand Ferrari et Mercedes jouent le jeu et ouvrent leurs portes...