Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Hommage à Paul Antonini

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Nous avons appris le décès de notre ami Paul Antonini. Il maniait aussi bien la langue française que la langue monégasque avec sa légendaire verve empreinte d’un humour savoureux. Il nous a laissé quelques ouvrages : « Les jardins de Saint Martin », « le Paon », « Monaco-ville, citadelle du bonheur » et plus récemment « choix de mots, de proverbes et d’expression­s dans le langage monégasque » édité par le Comité des Traditions dont nous publions ci-dessous un extrait pour honorer sa mémoire.

U ciapacàn : Le capteur de chiens

Entre les deux guerres, la municipali­té de Monaco, soucieuse de faire cesser en ville les divagation­s des chiens errants, décida de mettre tout en oeuvre pour radicaleme­nt y parvenir. À cette époque, il était certain que ces animaux, dont la plupart n'avaient pas de maître, incommodai­ent la population. C'est ainsi qu'un homme vigoureux fut engagé par la mairie avec mission de capturer les chiens fautifs et de les boucler dans une charrette tractée par un âne municipal. Une fois ramassés, les chiens étaient conduits par le Chemin des Pêcheurs, au lieudit "

a ciapàira " où se trouvait l'abattoir de la ville. À l'extrémité de ce bâtiment s'ouvrait une remise au milieu de laquelle trônait une sorte de cloche blanche. En ce lieu, les animaux dont les maîtres s'étaient présentés dans le délai prévu par le règlement étaient rendus à leurs propriétai­res tandis que les malheureux chiens vagabonds attendaien­t leur tour pour être enfermés dans la cloche et y mourir asphyxiés par un gaz insufflé par le ciapacàn. Depuis très longtemps les « ciapacàn » ont disparu et nous devons nous en féliciter. Toutefois, lorsque nous rencontron­s un homme vigoureux mais sûrement grossier, brutal et sans vergogne, il se trouve encore un monégasque pour murmurer: "C’est un ciapacàn ".

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