Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La vallée pleure le décès de son historien local Charles Botton
Charles Botton n’est plus. La vallée est orpheline de son historien local. Né en 1922, l’homme a traversé le siècle dernier, vécu les soubresauts qui ont secoué la Roya. Il a connu l’arrivée du train dans les villages, la grande dépression de 29 qui a aussi touché la France, traversé la guerre, l’occupation italienne puis allemande, le déplacement de la population valléenne, applaudi au rattachement des hameaux italiens à la République renaissante, tendu la main aux harkis – dépouillés de tout – à Breil. Mais plus que tout, Charles Botton a su retranscrire ces évènements d’une plume simple et précise.
« La mémoire de la vallée »
Ancien commerçant, correspondant local et mémoire vivante. fils du maire de Saorge, Charles Botton a usé ses fonds de culottes sur les bancs de l’école communale et sur les sentes du pays. Perché sur les toits de la maison familiale, il avait échappé à la vigilance maternelle pour assister à la réception des officiels en gare de Saorge par son édile de père. Plus tard, au sortir de la guerre, alors correspondant pour Nice-Matin, il avait entrepris un périple montagneux, franchissant la frontière Franco-italienne pour arracher le cliché du rattachement des hameaux à la France. Commerçant à Breil, il vendait les premiers appareils électro-ménagers du village. Mais plus que tout, il sera pour la Roya un historien local de première importance. Patricia Balandier, architecte et fine connaisseuse du patrimoine bâti breillois déclare à son sujet : « Ses patientes recherches dans les archives de Nice, de Savoie et de Ligurie sur l’histoire de Fontan, Saorge et Breil extrêmement bien documentées et référencées facilitent, désormais, la tâche d’autres chercheurs. [...] la profusion d’informations collectées et présentées pendant la première moitié du XXe siècle, notamment pendant les deux conflits mondiaux, permettra en outre de ne pas en perdre la mémoire ». À l’âge de 98 ans, Charles Botton nous a quittés. Il laisse une famille éplorée. Mercredi à 15 heures une brève cérémonie en hommage sera organisée devant le reposoir de l’hôpital de Breil, avant qu’il n’aille rejoindre un repos éternel dans la Saorge qu’il aimait tant. Dans un communiqué, le maire de Breil, Sébastien Olharan déclare être profondément attristé : « J’ai eu le privilège de le connaître, d’échanger avec lui sur Breil-sur-Roya, son histoire, son avenir, de bénéficier de ses vastes connaissances et de ses précieux conseils. Il me livrait des anecdotes inestimables, me contant, par exemple, la fois où il s’était présenté, avec mon arrière-grand-père Jean Pastorelli, aux élections municipales complémentaires de Saorge, en 1948. Trois voix seulement lui auront manqué. Avec lui, c’est une part de la mémoire de notre commune et de notre vallée qui s’en va. »