Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Il va falloir vivre avec »

L’auteure des Cicatrices, son huitième thriller, est déterminée à adapter sa vie face au covid-19

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Son dernier thriller, Les Cicatrices , est sorti une dizaine de jours seulement avant l’entrée en vigueur du confinemen­t. Une période « perturbant­e », passée à Paris, en famille avec conjoint et enfant. « On y a survécu », rit l’auteure qui travaille dans la finance et se penche sur les profils de ses personnage­s pendant ses loisirs. « J’étais en télétravai­l d’ailleurs », souligne-t-elle. Du coup, c’est sur les blogs, les réseaux sociaux et en version numérique que son huitième roman qui suit à nouveau un serial killer, a pris vie.

C’est parce que vous travaillez avec des « requins » dans la finance que vous avez eu envie d’écrire sur les tueurs en série ?

(Elle rit) Non parce que je suis dans la petite finance, je travaille avec des TPE-PME, donc je ne suis pas sur les marchés financiers, etc. J’ai toujours aimé l’écriture, et un jour j’ai eu envie d’écrire le livre que je rêvais de lire. C’est-à-dire un livre qui allie toute la constructi­on psychologi­que du tueur à l’explicatio­n du pourquoi. Cela a donné naissance à Tueur intime, en .

C’est venu comment ?

Je ne peux pas refermer un roman en me disant qu’il est « pas mal », c’est un semi-échec pour moi. Il faut qu’un livre me bouscule dans mes certitudes, qu’il m’interroge. Quand j’avais  ans, ma mère venait de finir un livre sur un tueur en série : fatale, de William Katz. Ce bouquin a été une vraie révélation.

Pourtant, tout a été écrit sur la figure du tueur en série…

Bien sûr, on ne va pas se mentir. Ça a même été écrit plusieurs fois. Après, ce qui compte, c’est la sensibilit­é qu’on y met, la personnali­té des héros, leur profondeur, les retourneme­nts de situation, la façon dont on va jouer des codes du genre.

Comment est né le personnage d’Owen ?

Dans Miettes de sang, je mettais déjà en scène un personnage dominé par sa mère, par son entourage harcelé. J’avais envie de travailler ce genre de personnali­tés atypiques, très attachante­s. Des antihéros à qui on a envie de mettre des coups de pied aux fesses quand on ne connaît pas leur passé. Et puis on découvre ensuite leurs contrainte­s psychologi­ques, les fêlures qu’ils sont incapables d’affronter. C’est comme cela que je voulais placer Owen. Et cela me permettait de créer un lien avec le lecteur car les divorces ratés, il y en a vraiment des tas ! Ce personnage suscite immédiatem­ent de l’empathie, car ce qu’il vit est horrible. Et comme si cela ne suffisait pas, d’autres éléments viennent se rajouter…

Le confinemen­t vous a permis de travailler sur votre prochaine histoire ?

travaille est frappée indirectem­ent par la crise économique, je vais mettre à profit le chômage partiel pour rattraper mon retard dans l’écriture. Si je me mets devant un ordinateur, je suis capable d’écrire  heures d’affilée. Comme je travaille sur plan, cela me permet de gagner du temps dans la rédaction.

Quelle est la première chose que vous avez faite en sortant du confinemen­t ?

On est parti en famille passer le week-end chez ma mère. Elle vit à moins de  kilomètres de Paris. Elle fait partie des personnes de plus de  ans hyperdynam­iques. Elle fait du théâtre, de l’aquarelle, des cours d’italien… Et du jour au lendemain, tout s’est arrêté. Je pense que pour cette catégorie de personnes, le confinemen­t a fait bien plus de mal qu’à nous, actifs. Ce sont des mois de dynamisme qui leur ont été retirés. Pour les relancer, je pense que cela va être compliqué. Et encore, ma mère a un jardin dont elle a continué à s’occuper. Mais elle a des amis qui vivent en appartemen­t. Pour eux, ce sera bien plus difficile de reprendre le cours de leur vie d’avant…

Que pensez-vous des mesures annoncées jeudi dernier ?

Pour nous qui sommes en zone orange, les choses ne changent pas beaucoup. Mon fils par exemple, qui est en e, ne pourra pas reprendre le collège. Mais déjà, la fin de la règle des  kilomètres va nous permettre à tous de circuler en France. Je pense être comme beaucoup de Français : on ne partira pas forcément loin mais on pourra profiter, à la montagne ou à la mer. Peut-être que cela participer­a à l’économie sur le territoire. En espérant toutefois que cela ne relance pas la circulatio­n du virus. Mais ça, hélas…

Vous faites partie de ceux qui redoutent une deuxième vague ?

(Elle souffle) Je me dis qu’il va surtout falloir s’adapter et apprendre à vivre avec, en respectant les règles sanitaires plutôt que de faire semblant. Et puis vous savez, je suis assez philosophe sur ce point : si on doit l’attraper et en mourir, cela fait partie du jeu. Bien sûr, c ‘est pas de pot si on compte parmi ceux qui en meurent. Ce n’est pas pour cela qu’il faut être kamikaze en matière de santé, ne pas respecter les règles sanitaires, la distanciat­ion, mais cela 20 Éditions Harper Collins. 368 pages. (format numérique 12,99

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