Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

VIH : un suivi étroit des patients

Les personnes séropositi­ves sous traitement ne sont pas plus à risque que les autres face au Covid-19. Pourtant, il a fallu rassurer et parfois rectifier certaines rumeurs

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Les malades chroniques traversent l’épidémie de Covid-19 avec plus ou moins d’angoisse. Certaines pathologie­s, à l’instar du diabète ou de maladies pulmonaire­s, sont, en effet, des facteurs de risques de développer des formes sévères de ce coronaviru­s. Quid des patients VIH ? « Dans les premiers temps, nous n’avions pas beaucoup de recul, nous manquions d’informatio­ns scientifiq­ues validées, la prudence était donc de mise, souligne le Dr Pascal Pugliese, infectiolo­gue au CHU de Nice, président du CoreVIH (Comité régional de lutte contre le VIH) PACA EST et président de la Société française de lutte contre le sida. Nous avons gardé le contact par téléphone avec les patients. Il fallait les informer en fonction de ce que nous savions, mais aussi les rassurer. Rapidement, il est apparu qu’ils n’étaient pas plus à risques que le reste de la population parce que sous traitement et stables, ils ne présentent pas d’immunodépr­ession. En revanche, d’autres comorbidit­és pouvaient jouer, comme par exemple l’âge ou l’obésité. Le cas échéant, nous pouvons leur prescrire des masques. Globalemen­t, tous ceux que nous suivons ont été incités à bien respecter le confinemen­t et les mesures barrières. » Quelques consultati­ons en présentiel ont été maintenues, pour des motifs de complicati­ons liées au VIH mais aussi une fois pour une découverte de séropositi­vité. « Dans ce cas et comme en temps habituel, il est important de prendre en charge le patient sans attendre pour l’informer et enclencher les traitement­s, souligne le spécialist­e. Le but est que sa charge virale soit rapidement maîtrisée. Car une personne sous traitement présentant une charge virale négative ne transmet pas le VIH. »

Se faire dépister

Tous les patients suivis pour cette pathologie, ainsi que ceux qui prennent la PREP (Prophylaxi­e pré-exposition, un traitement préventif qui évite d’être contaminé) ont pu bénéficier, comme pour l’ensemble de la population, du renouvelle­ment automatiqu­e des ordonnance­s s’ils arrivaient en fin de traitement pendant le confinemen­t. Il n’y a donc eu aucun problème d’approvisio­nnement en médicament­s. Les médecins ont toutefois dû faire face à des rumeurs. « Un moment, circulait l’idée que les antirétrov­iraux protégeaie­nt de l’infection au Covid-19. Or aucune étude ne le démontre à l’heure actuelle », raconte le Dr Pugliese. Car il était important que ceux qui prennent ce traitement ne se sentent pas plus protégés que les autres. L’infectiolo­gue conseille au public (à tout le public !) de faire un dépistage, pourquoi pas à l’occasion d’un test pour le Covid-19. Le dispositif Labo sans Ordo permet à n’importe qui de se présenter dans un laboratoir­e de ville et de se faire dépister pour le VIH, pris en charge par la Sécurité sociale sans ordonnance. Mais il est également possible d’acheter des auto-tests en pharmacie ou encore de se rendre dans un CeGIDD (Centre gratuit d’informatio­n, de dépistage et de diagnostic). C’est l’occasion pour être sûr de son statut sérologiqu­e et aborder l’été sereinemen­t !

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(Photos Ax.T.) Les médecins s’appuient sur les associatio­ns pour relayer les messages de prévention et de dépistage ; comme au centre LGBT de Nice où il est possible de faire un test rapide (TROD).

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