Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

BASKET-BALL

Élu sportif de la saison de son université, le Cagnois est bloqué aux USA à cause du Covid-19. Surtout, le basketteur attend la draft NBA pour pouvoir se projeter

- MATHIEU FAURE

Début mars, tout semblait si paisible au McCarthey Athletic Center des Bulldogs de Gonzaga, l’équipe de basket universita­ire de cette université du Nord-Ouest des Etats-Unis. Ce soir-là, les « Zags » venaient de gagner leur dernier match à domicile de la saison régulière face à St Mary’s (86-76). L’ancienne université de Ronny Turiaf, Domantas Sabonis (le fils d’Arvydas) et surtout de John Stockton, terminait la saison avec le titre de Champion de la West Coast Conference (15 victoires, 1 défaite). Mieux, l’équipe du coach historique Mark Few (21e saison sur le banc des Bulldogs) présentait le deuxième bilan NCAA (31-2) avant la March Madness, le fameux tournoi universita­ire dont le Final four devait se tenir au MercedesBe­nz Stadium d’Atlanta un mois plus tard. Dans les travées de l’enceinte américaine, Laurent et Caroline sont venus assister au match de leur fils, Killian. Une famille bien connue de Cagnes-sur-Mer puisque ce sont les Tillie. Laurent et Caroline sont d’anciens volleyeurs et Killian, le dernier d’une fratrie de trois, est basketteur comme son frère aîné, Kim. Face à ses parents, Killian, 22 piges, ne sait pas encore qu’il vient de disputer son dernier match universita­ire. Après quatre années passées sur le campus américain, l’ailier fort de 2,08 m regarde devant lui, la March Madness donc et puis au loin, son rêve : la draft NBA.

Quelques jours après cette soirée festive, le Covid-19 annule toute la saison universita­ire et met les USA à l’arrêt. Plus de March Madness ,plusdeNBA,plus de draft. Alors Killian Tillie a pris un coup sur la tête. « C’est le moment le plus dur de ma vie », concède le jeune garçon de 22 ans. C’était sa dernière chance de gagner un titre universita­ire avec sa fac. D’autant plus rageant qu’il sortait d’une saison XXL : 13,6 points, 5 rebonds, 1,9 passe et 1 intercepti­on à 62 % au tir dont 40 % derrière l’arc, au point d’être élu dans la AllWCC First Team. « J’étais devenu un leader de l’équipe »,

qui retient son choix, notamment pour son programme d’accueil des joueurs étrangers. Son année rookie est idyllique avec une participat­ion au très convoité Final Four malgré un revers en finale contre North Carolina. Sa saison sophomore (2e année) est impression­nante : 13 points, 6 rebonds, 1,7 assist et 1 contre à 58 %. Mieux, lors du tournoi de sa conférence, où il va être élu MVP, il termine à 22 points de moyenne. On lui prédit un avenir radieux. En NBA, forcément. Sauf que la saison 2018-2019, sa troisième, est », concède Killian. Chez son père, entraîneur de l’équipe de France de volley, la tristesse s’est mêlée à une forme de sagesse. « Dans les premiers temps, en tant que père, il y a eu une forme d’inquiétude ». Coincé aux USA, Killian prend d’abord du recul et retrouve certains coéquipier­s des Bulldogs dans une maison de Californie dont l’ailier des Washington Wizards Rui Hachimura. Loin de sa famille, Killian trouve le réconfort près de ses frères d’armes mais aussi de sa petite amie, étudiante elle aussi à Gonzaga. Le moral regonflé, Tillie retourne sur le campus de Spokane pour valider son diplôme en business entreprene­urship plutôt que de jeu car après quatre ans à la fac, ils savent comment je joue ». Même s’il concède un coup de coeur pour les Spurs de San Antonio, il poursuit un seul rêve : jouer en NBA. Avant cela, il faut gérer le moment présent. Laurent Tillie : « Il est dans l’attente et l’incertitud­e. S’il rentre en France, il ne pourrait peut-être pas revenir aux USA en raison de la fermeture des frontières. Et aux USA, tout ce qui tourne autour de ses droits universita­ires est en train de s’arrêter notamment son logement. C’est sa dernière année à Gonzaga car il arrive au bout de son cursus, c’est soit la draft NBA, soit l’inconnu ». « Mon visa vient d’expirer mais il reste valable encore deux mois, j’ai rendu ma chambre à l’université mais je n’ai aucune visibilité sur la draft alors que je reste uniquement pour ça. Si on m’assure que je peux revenir pour la draft, je vais rentrer à Cagnes-surMer pour voir ma famille », poursuit-il. Ses journées ? Détente, exercices physiques et des séances de tirs dans un pays qui gère la crise sanitaire autrement qu’en France. « Ils n’en ont rien à faire, ils n’y croient pas », lâche Killian alors que les USA comptent près de 100 000 morts. Mais le garçon aime trop le basket pour savoir que la draft NBA n’est pas la seule porte d’entrée pour le Graal. Bruce Bowen, Ben Wallace ou encore John Starks ont tous excellé sur les parquets américains en zappant la case draft.

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