Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Impossible de faire face aux dépenses essentiell­es ”

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« Mes enfants ne sont pas exigeants, ils comprennen­t la situation… Mais, avec une telle somme, il est impossible de faire face aux dépenses essentiell­es, comme la nourriture, l’assurance voiture… », résume pudiquemen­t Gianni. Alors, il n’a eu d’autres choix que de chercher une source complément­aire de revenus.

Deux journées de travail qui s’enchaînent

Depuis plusieurs années, il réalise des travaux de jardinage chez des particulie­rs ou dans des résidences. « Je travaille de nuit à l’hôpital ; je commence à 19 heures et finis à 7 heures du matin. Je rentre chez moi, je dors quelques heures, à midi je déjeune et à 13 heures, je suis sur les chantiers. » À 17 h 30, il reprend la route vers son domicile. Douche rapide, courts moments d’échange avec ses enfants et retour à l’hôpital, pour une nouvelle nuit de travail, sans répit. « Dans mon service, on ne se pose jamais. » Gianni n’est pas homme à se plaindre. L’essentiel pour lui, c’est de pouvoir subvenir aux besoins de ses enfants.

Leur offrir une à deux journées de ski par an.

Jamais de vacances ? La question semble le surprendre. « Même en essayant de mettre un peu d’argent de côté, c’est impossible de partir. Les vacances, c’est à la maison. Et un peu à la plage. » Si certains de ses collègues connaissen­t sa situation – «Jene suis pas le seul à cumuler deux emplois » – il prend soin que cela ne remonte pas à l’oreille de sa hiérarchie. Trop risqué.

Gianni l’avoue sans détours : il aimerait, s’il le pouvait, quitter son emploi à l’hôpital. Mais ces 1 600 euros constituen­t un socle dont il ne peut se passer. L’amour du métier ? Il ne l’a plus. « On ne peut pas aimer son métier lorsqu’on bénéficie de si peu de reconnaiss­ance. Quand on voit ce que l’on gagne, avec tous les efforts que l’on fait… Douze heures par jour, on donne de sa personne, on travaille auprès de gens qui souffrent… » Pour l’aide-soignant la reconnaiss­ance passe par une revalorisa­tion salariale – « On parle d’une augmentati­on de 300 euros, ce serait bien ». Mais il aspire aussi à un changement des mentalités. Que l’on cesse de considérer sa profession comme du petit personnel, totalement anonyme, au sein de la grande maison que constitue l’hôpital. « Tout ça cumulé, c’est dur. »

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