Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Le « Dixmude » de retour de sa mission aux Antilles Toulon
Parti de le 3 avril dernier, le porte-hélicoptères a retrouvé son port d’attache. Pour son commandant, sa participation à l’opération « Résilience » est une réussite
Il est des signes qui ne trompent pas. Le 12 avril dernier, lors du retour à Toulon du Charles-de-Gaulle, aucun marin du porteavions, pas même son commandant, n’avait participé à la traditionnelle conférence de presse de fin de mission. Il est vrai que le ministère des Armées venait tout juste d’apprendre l’ampleur de l’épidémie de Covid-19 sévissant à bord du fleuron de la Marine nationale : au total, plus de 1 000 marins seront déclarés positifs au coronavirus ! Un mois et demi plus tard, l’ambiance a bien changé dans l’enceinte du port militaire varois. Pour le retour du porte-hélicoptères amphibie Dixmude, mercredi 27 mai, c’est un commandant plutôt détendu – le capitaine de vaisseau Nicolas Rossignol – qui s’est prêté au jeu des questions-réponses de la presse, au bout du quai Milhaud 5.
Symptômes mineurs pour huit marins
Parti dans l’urgence le 3 avril dernier à destination des Antilles et de la Guyane, qui se préparaient alors à affronter l’épidémie, le commandant Rossignol n’a que des motifs de satisfaction. En premier lieu : l’état sanitaire de son équipage. « Par la prise de mesures exceptionnelles, comme le port du masque, la fermeture de
Après jours sans mettre le pied à terre, le capitaine de vaisseau Nicolas Rossignol, commandant du porte-hélicoptères amphibie, n’était pas mécontent de retrouver le plancher des vaches.
zones de vie et des salles de sport à bord, on a réussi à limiter la propagation du virus. Une fois sur zone, on n’a eu aucun contact physique avec la population locale afin de la protéger. Ces mesures se sont montrées efficaces puisqu’au total, seuls huit marins ont présenté des symptômes mineurs pouvant s’apparenter à ceux du Covid-19. Préventivement, ils ont été isolés du reste de l’équipage », déclare le pacha, pas peu fier du comportement de ses hommes. L’officier rappelle en effet le contexte dans lequel le Dixmude a appareillé de Toulon. « Le navire était en mission en Méditerranée centrale lorsque le président de la République a annoncé, le 25 mars, le lancement de l’opération Résilience dans le cadre de laquelle le portehélicoptères serait déployé dans la zone Antilles-Guyane. On n’a eu que quelques jours pour reconfigurer le bâtiment, effectuer des travaux de maintenance et charger le fret. La grande nouveauté pour nous, marins, a été de partir d’une zone en crise – la France métropolitaine – vers une autre zone en crise : les territoires nationaux ultramarins. » (Photos Patrick Blanchard et DR)
L’opération Résilience a elle aussi été couronnée de succès. Outre le fret transporté sur zone, notamment plus d’un million de masques chirurgicaux, denrée rare au plus fort de la crise sanitaire, les hélicoptères embarqués àborddu Dixmude ont procédé à une douzaine d’évacuations sanitaires, dont trois patients atteints du Covid-19. Le commandant
Rossignol garde notamment en mémoire celle du 24 avril. « Grâce à l’un des deux Puma, on a pu prendre en charge un patient qui était quasiment intransportable, car équipé d’une membrane d’oxygénation extracorporelle. On a appris qu’il avait finalement pu rentrer chez lui. »
Nécessaire régénération de l’équipage
Parmi les autres tâches effectuées, le capitaine de vaisseau cite la bonne coordination avec les marines du Royaume-Uni et des PaysBas, deux pays qui ont également des territoires aux Antilles. « On a su unir nos efforts dans la lutte contre la pandémie et la préparation de la saison des cyclones. » De retour à Toulon avec « le sentiment du devoir accompli au profit de nos compatriotes ultramarins », le PHA Dixmude, qui a cumulé une centaine de jours de mer depuis le début de l’année, ne devrait pas reprendre le large avant la fin de l’été. Nicolas Rossignol détaille : « Après un début d’année chargé, il est important que les marins puissent se régénérer auprès de leurs familles. Les mois de juin et septembre seront également mis à profit pour qu’ils puissent se former et progresser dans leur carrière. »