Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Antibes : Thierry et Victor ont la passion des abeilles

C’est sur les hauteurs de la cité des Remparts que Thierry Lécuillier a installé ses ruches dans le jardin de son élève, Victor. Une complicité et un apprentiss­age de tous les jours

- SERGE JAUSAS

Pendant le confinemen­t, la nature a repris ses droits. La faune s’en est donc donné à coeur joie en investissa­nt de manière très active le terrain abandonné par les humains. Cela a été le cas des abeilles : ne connaissan­t pas le télétravai­l car ne disposant pas... d’e-miel (!), elles ont butiné à toute berzingue. « Elles ont profité de ce moment de calme pour travailler deux fois plus », constate Thierry Lécuillier, l’apiculteur antibois installé le long du chemin de Saint-Claude. Ce dernier qui dans une autre vie fut tour à tour pizzaïolo et gardien d’immeuble, ne vit que pour les abeilles. « Un jour, un apiculteur s'est rendu chez ma belle-mère pour enlever un essaim qui s’était installé dans la cheminée. J'ai assisté à l'opération et j'ai eu tout de suite le déclic. » Thierry Lécuillier s'inscrit alors à l’associatio­n SOS abeilles, fabrique sa première ruche et trouve un terrain sur les hauteurs de la ville afin de favoriser la pollinisat­ion dans des arbres fruitiers. Depuis plusieurs années, l’homme s’est forgé sa propre expérience en apiculture. Un savoir-faire qu’il partage désormais avec un adolescent, lui aussi, « piqué » d’abeilles. « Un jour j’ai reçu un message de Victor, 15 ans, qui voulait devenir apiculteur. J’ai pris contact avec lui et, tout de suite, je l’ai senti motivé », explique Thierry Lécuillier. Une motivation extrême que confirme Victor : « A l'âge de 7 ans, j’étais en vacances dans le Jura avec mes parents. Nous étions chez un ami qui avait des ruches. Je suis tombé en admiration devant cette population d'abeilles. J'ai été tout de suite passionné. » De retour à Antibes, Victor a annoncé à sa mère : «Je veux une ruche. » Mais rien n’est facile lorsque l'on débute car n’est pas apiculteur qui veut. La chance de Victor de pouvoir assouvir sa passion ? Sa rencontre avec Thierry Lécuillier. L’ado demande à l’adulte de déposer deux ruches dans le jardin de la maison familiale. Thierry Lécuillier qui en possédait une quinzaine éparpillée sur plusieurs terrains, accepte le deal à une condition : «Sij'enmets deux, je les mets toutes ! » Marché bien évidemment conclut. De sorte que désormais, Victor a ses abeilles et son professeur à domicile. Thierry et son protégé veillent régulièrem­ent sur leurs abeilles. Comme il est nécessaire que les butineuses se sentent bien, les deux surveillen­t et entretienn­ent en permanence les ruches. Vêtus de leurs combinaiso­ns blanches (vareuse, gants, chapeaux), munis d’un enfumoir, ils ouvrent les ruches, sortent les cadres un à un pour les examiner afin de voir si la reine et sa colonie se portent bien avant de procéder à la récolte du miel.

L’été « déménageme­nt » à Gréolières

« J'ai perdu plusieurs ruches à cause du frelon asiatique, raconte Thierry Lécuillier. Il stresse les abeilles et mange les butineuses qui nourrissen­t les larves. Alors, pour survivre, les rescapées se gorgent de miel pour être ainsi prêtes à partir pour reconstrui­re une colonie ailleurs. » Pour éviter ce type de désagrémen­t, l’apiculteur amène ses protégées à la montagne dès le mois de juin. Il les éloigne ainsi du frelon qui préfère la chaleur de la Côte. Pour ses ruchers, l’homme a trouvé un emplacemen­t de qualité du côté de Gréolières. Grâce à ce changement de climat et de végétation, il permet la fabricatio­n d’un miel différent en goût. Durant le confinemen­t, Thierry a été contacté plusieurs fois pour recueillir des essaims qui s’étaient formés dans le centre-ville d’Antibes. « C'est bien que les particulie­rs pensent à nous appeler tout de suite », rappelle le profession­nel. Quant au jeune Victor, cette collaborat­ion concrétise à la fois un rêve d'enfant et une activité passionnan­te. Ardent défenseur de la nature, il sait que les abeilles sont les sentinelle­s de l'environnem­ent. « Il ne faut surtout pas qu'elles disparaiss­ent pour notre survie. » Heureuseme­nt, comme lui, il y a de plus en plus de petits apiculteur­s.

Thierry Lecuillier 06.62.02.88.23.

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(Photo S. J.) Victor soigne ses abeilles sous l’oeil vigilant de Thierry Lécuillier (à droite).

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