Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Sans l’activité partielle, on aurait dépassé les 6 millions de chômeurs. »

-

estime l’Insee. Comment va-t-elle se traduire concrèteme­nt pour les ménages, les entreprise­s ? Est-elle une opportunit­é pour créer un nouveau modèle économique plus égalitaire et respectueu­x de l’environnem­ent ? L’analyse d’Eric Heyer, directeur du départemen­t analyse et prévision à l’OFCE (Observatoi­re français des conjonctur­es économique­s), membre du Haut Conseil des finances publiques et auteur d’ouvrages sur la macro-économie.

Reprise lente

« Durant le confinemen­t, l’économie tournait à 70 % de son activité, soit une perte de 2 Mds par jour. Du jamais vu, souligne l’expert. Depuis le 11 mai, date du déconfinem­ent, on a constaté que les ménages restaient prudents. La consommati­on a fortement bondi durant la première semaine pour se calmer ensuite. On aurait pu s’attendre à ce que les Français désépargne­nt mais non. Le sentiment qui prévaut est que la crise sanitaire et économique n’est pas derrière nous mais devant, d’où une épargne de précaution. » Malgré le déconfinem­ent, on ne retrouvera pas de sitôt des niveaux normaux.

Qui va payer ?

Le choc économique du confinemen­t est évalué aux alentours de 120 Mds€. La question est de savoir qui va porter ce coût : les ménages, l’État et les finances publiques au sens large (collectivi­tés locales et Sécurité Sociale…),

les entreprise­s ? « En dépit du discours du président Macron durant le confinemen­t selon lequel le coût serait supporté par les administra­tions publiques, on se rend compte qu’on n’est pas vraiment dans ce “coûte que coûte”. Les finances publiques ne prendront en charge que 70 Mds€ sur les 120 Mds€. Il reste 50 Mds€ à la charge des agents privés et qui se répartisse­nt ainsi : 10 Mds€ à la charge des ménages et 40 Mds€ pour les entreprise­s. » Même si le gouverneme­nt a mis en place le chômage partiel, ce dernier fait perdre 7 % de pouvoir d’achat aux ménages. Par conséquent, ils ont eux aussi réduit leur consommati­on et constitué une épargne forcée d’environ 55 Mds€. « Ce qui est paradoxal car on a plutôt tendance à épargner quand on a des supplément­s de revenus.

 ?? (Photo Philippe Matsas - Flammarion) ?? « La crise est globale mais touche davantage les services que l’industrie », explique le macro-économiste Eric Heyer.
(Photo Philippe Matsas - Flammarion) « La crise est globale mais touche davantage les services que l’industrie », explique le macro-économiste Eric Heyer.

Newspapers in French

Newspapers from France