Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
À Monaco, on réserve avant de remettre le couvert
Contrairement à la France, la Principauté impose dès aujourd’hui de réserver avant de s’attabler dans un restaurant. Aux clients de jouer le jeu pour qu’espace et rendement soient optimisés
La phase 3 du déconfinement débute aujourd’hui à Monaco. Au menu : réouverture des salles d’exposition, des plages et solariums, et retour – tant attendu – à la carte des cafés et restaurants. En salle ou en terrasse, les tables ont été dressées dans le respect des nouvelles normes sanitaires [lire ci-contre] et n’attendent plus que vos papilles… Mais attention ! Impossible (ou presque) de s’attabler à l’improviste. Pour éviter que des files d’attente – et donc de potentielles chaînes de propagation du virus – le gouvernement rendu les réservations obligatoires dès ce mardi 2 juin. Le message est-il passé auprès des clients ? Les carnets de réservations sont-ils déjà garnis ? Tour de tables…
« Oublier de venir reste coutumier »
Après deux mois et demi de « très grande souffrance », la présidente de l’Association des industries hôtelières de Monaco, Alberte Escande, confie que « les retours de terrain sont très positifs » au moment de rallumer les fourneaux de la grande majorité des restaurants de Monaco. « La plupart se disent ravis de pouvoir contribuer à nouveau à l’économie du pays. Se lever le matin avec des projets leur redonne du baume au coeur. » Si l’acte de réservation relève de l’habitude pour nombre d’épicuriens en Principauté, Alberte Escande appelle les clients à respecter scrupuleusement leurs engagements pour que cette nouvelle règle ne devienne pas un fardeau dans la conjoncture actuelle. «Sile client ne peut plus honorer sa réservation, qu’il n’oublie pas de prévenir ! Il faut être honnêtes car oublier de venir reste coutumier. » Quant à ceux qui aiment se taper la cloche sur un coup de tête, les professionnels des métiers de bouche ont fait leur maximum pour les sensibiliser. « Chaque établissement a son propre mailing et fait son travail de prospection. » Chez les La Guardia père et fils, cette fidélité a adouci la crise et devrait assurer la reprise. « Nous avions déjà repris la vente à emporter et nous avons reçu un soutien fort et continu de nos clients et amis », se réjouit Iacopo, gérant du Jack et du Bella Vita, qui rouvrent leurs portes aujourd’hui à la Condamine, tout comme le Pulcinella du padre, Massimo, au Portier. Au bas de la rue Princesse Caroline, le Bella Vita a, certes, été amputé des trois quarts de sa capacité d’accueil intérieure mais les 20 places restantes, et surtout les 80 en terrasse, sont prises d’assaut par anticipation. « Nous avons une trentaine de réservations pour [ce] midi et nous sommes presque complets pour le soir », se félicite Iacopo, alors que son équipe s’affaire aux derniers préparatifs pour assurer un espace « modulable ». Quant aux prochains jours : le patron lève les yeux vers un ciel qu’il espère d’azur. Car l’embellie passera par la fréquentation de la terrasse.
« Le Café de Paris affiche déjà complet »
Du côté de la Société des Bains de Mer (SBM), l’impatience de la clientèle se mesure aussi au livre des réservations. « Nous sommes très fiers de l’engouement du public qui a réservé massivement pour profiter de ces moments tant attendus des plaisirs retrouvés. Le Café de Paris affiche déjà complet pour son premier jour d’ouverture demain [lire aujourd’hui] et cela est très prometteur pour l’ouverture de nos restaurants courant juin. L’Orange Verte , le Salon Rose, puis Le Grill et le Bar Américain, ensuite le Buddha Bar ,le Coya Monte-Carlo et certainement toujours en juin le Blue Bay », avance Jean-Jacques Pergant, conseiller à la direction des Opérations hôtelières. Il faut dire qu’à la frustration des dernières semaines s’ajoute l’excitation de la nouveauté. La Brasserie du Café de Paris – et sa nouvelle terrasse – ouvre ainsi le bal aujourd’hui, jour de l’inauguration de la nouvelle place du Casino. Idem pour le Mada One du chef étoilé Marcel Ravin, au pied du luxueux One Monte-Carlo. « Nous avons revu leurs mises en place et toutes les mesures nécessaires de protection et de sécurité des clients comme des collaborateurs ont été mises en place pour la sécurité et le plaisir de tous. » Une certaine tolérance s’appliquera en Principauté. À défaut de réservations couvrant la capacité d’accueil d’un établissement, un client imprévu ne devrait pas être refoulé. « Ce sera au cas par cas mais on trouvera toujours une place pour la clientèle fidèle, confie Albert Escande. Ce serait aller contre la moralité de notre profession et ses valeurs d’accueil et de convivialité. » Des contrôles seront toutefois opérés pour s’assurer que ces entorses relèvent de l’exception.