J.-C. Guibal l’emporte face à Olivier Bettati à Menton

Le maire sortant est le vainqueur du scrutin avec mille voix d’avance sur ses opposants, réunis au sein d’une même liste. Avec une équipe très renouvelée, il signe pour un sixième mandat Applaudissements nourris dans la salle du conseil

(LR) tour (Divers droite)

RAPPEL TOUR

Jean-Claude GUIBAL (LR) Olivier BETTATI (Divers droite) Patrice NOVELLI (UDI) F. PELLEGRINETTI (Union de la gauche) L. LANQUAR-CASTIEL (EE-LV) , , , ,

● Olivier Bettati : « Quand on est passionné, on n’est jamais déçu. Dès demain, nous constituerons un groupe pour proposer une opposition ouverte. Je veux être utile à cette terre, que ce soit via mon mandat de conseiller régional ou de conseiller municipal. » ● Patrice Novelli : «Ilfaut savoir respecter le choix des électeurs. Je continuerai à avoir le même comportement : une opposition constructive. Je souhaite bonne chance à l’équipe majoritaire ; ce qui m’importe, c’est le bien-être de Menton. »

Si nous avions eu davantage de votants, si le coronavirus ne les avait pas dissuadés, nous serions passés au premier tour », affirmait le maire sortant, Jean-Claude Guibal, le soir du 15 mars. Mais entre-temps, ledit Covid a joué aux trouble-fête, retardant l’échéance. Et quelques mois de crise sanitaire plus tard, le second tour des élections municipales à Menton s’est révélé bien plus serré que bon nombre d’observateurs pouvaient l’imaginer. Avec 55,70 % pour la liste « Unis pour Menton », contre 44,30 % pour celle d’union de la droite et du centre (correspondant à une différence de mille voix), l’opposition ne sera vraisemblablement pas là pour faire de la figuration au conseil municipal. Elle qui a beaucoup misé sur la relance économique dans son programme d’après-confinement.

Une alliance payante au sein de l’opposition ?

Si certains voyaient en cette liste d’union l’alliance de la carpe et du lapin, force est de constater qu’Olivier Bettati et Patrice Novelli ont fait mieux que l’addition stricte de leurs scores initiaux, en l’augmentant de plus de cinq points. Même s’ils n’avaient plus d’autre investiture que celle du CNIP après que l’UDI, le MoDem, Agir et le RN ont refusé de tenir la chandelle à la suite de l’annonce de leur union. Hier, les électeurs avaient ainsi le choix entre le changement et la continuité. Et c’est pour le prolongement que la majorité d’entre eux a opté en élisant Jean-Claude Guibal – et son équipe renouvelée – pour un sixième mandat. Reste qu’une troisième force, invisible, est à prendre en compte dans ces élections inédites : l’abstention. À Menton, elle était en effet de 57,17 % (un peu moins qu’au premier tour où elle avait atteint les 58.63 %). À qui profite-t-elle ? Difficile de le savoir. Mais elle démontre bien combien un très grand nombre de Mentonnais n’a pas cru bon se rendre aux urnes, qu’il s’agisse d’un franc désintérêt pour la chose politique, ou d’une désillusion face aux enjeux proposés par les deux camps.

Et que dire des votes blancs et nuls, plus nombreux qu’à l’accoutumée (presque 5 % en cumulé) ? Ils sont le reflet que certains ont fait le choix de rester non alignés. Lors de la reprise de la campagne de l’entre-deux tours, les écologistes et la liste de la gauche unie avaient fait savoir qu’ils refusaient de donner des consignes de vote officielles – mais qu’ils continueraient à agir sur le terrain. Durant les six ans à venir, l’opposition pourrait bien être farouche à l’intérieur comme à l’extérieur du conseil.

Dans la salle du conseil transformée en bureau de vote, Jean-Claude Guibal ne tarde pas à annoncer sa victoire désormais toute proche. Il est 21 h quand le maire sortant saisit ainsi le micro pour donner les résultats du bureau de vote n°1 : 38,73 % pour ses deux opposants ; 57,04 % pour son équipe. « Il n’est pas dans nos habitudes de donner des résultats en cours de route mais cela ne devrait pas beaucoup varier », glisse-t-il, mutin. Recevant des applaudissements de part et d’autre des barrières installées pour faire respecter le protocole sanitaire. Une heure plus tard, le dépouillement est pratiquement terminé, la victoire assurée. Une haie d’honneur l’attend quand il entre alors de nouveau dans la pièce. Les « bravos » fusent. Les applaudissements reprennent de plus belle. À ses colistiers et aux Mentonnais venus le féliciter sur place, le nouveau maire réserve quelques mots : «Je veux vous remercier du fond du coeur pour votre amitié et votre confiance. Contrairement à ce que certains font circuler, je vais bien évidemment exercer mon mandat du début à la fin. J’insiste un peu là-dessus parce que la campagne a été ignoble, du genre à dégoûter de la politique et de ceux qui la font. » Et de rendre un hommage appuyé à son épouse Colette Giudicelli. « Applaudissezla»

, demande-t-il à l’assistance, profondément ému. Son équipe est au complet à ses côtés. En dépit des masques, les sourires et larmes de soulagement sont apparents. « Avec Menton, c’est une histoire d’amour », poursuit Jean-Claude Guibal. Avant de s’adresser plus précisément aux électeurs : « On va travailler pour vous, nous allons faire en sorte de répondre le mieux possible à tous vos besoins – petits et grands – dans la mesure des capacités financières de la ville. Je ne cherche pas à battre un record de mandats. Je me suis représenté parce que j’aime Menton et les Mentonnais. Un mandat de trop ? mais pour qui ? Pour ceux qui voudraient être à ma place… »

(Photos J.-F. Ottonello) De nombreux Mentonnais étaient présents pour le nouveau sacre du maire.

La joie et le soulagement de l’équipe Guibal (en intérieur) tranchaient avec la gravité de la liste d’union de la droite et du centre (en extérieur).