Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Le Havre

De paix du Premier ministre Édouard Philippe, réélu

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

« Nous sommes heureux, nous allons fêter cette victoire. » Édouard Philippe est redevenu hier soir maire du Havre (Seine-Maritime), ville normande de 170 000 habitants. Un score sans appel (58,83 %), que le Premier ministre a annoncé luimême en direct sur les chaînes de télévision. Hier matin vers 8 h 30, sa haute stature de 1,94 mètre n’était pas passée inaperçue dans son bureau de vote de l’école primaire Ancelot, au Havre. Jacques-François Ancelot était un dramaturge havrais. De dramaturgi­e, cette élection n’en manque pas. Perdre son fief havrais (il en a été maire de 2010 à 2017), face au député communiste JeanPaul Lecoq eut été un camouflet pour le Premier ministre. Sa victoire est aussi un clin d’oeil à son mentor, Antoine Rufenacht (RPR), ancien maire, qu’il a salué dans les premières secondes de son allocution. Tous deux ont gagné, à des époques différente­s, face à un communiste. La victoire est donc nette et sans bavure. Et maintenant ? À 49 ans, Édouard Philippe ressort renforcé des municipale­s. Sa réélection était guettée par la classe politique. Jean-Luc Mélenchon se pourléchai­t les babines d’une éventuelle défaite. En animal politique, le Premier ministre n’a sûrement pas prévu de

Édouard Philippe l’a emporté sans difficulté au Havre.

se contenter de humer l’air du large sur les quais havrais. Alors que s’annonce un remaniemen­t d’ampleur, il n’a pourtant pas pipé mot de ses ambitions dans son discours. Tout juste a-t-il salué un « acte de confiance ». Un message à Emmanuel Macron ?

Un Premier ministre en position de force

Pour planifier son remaniemen­t, Emmanuel Macron va devoir tenir compte de la popularité de son Premier ministre. Son calme, sa sobriété, sa pédagogie pendant la crise sanitaire lui ont permis de marquer des points. Jusqu’à devancer le Président dans les sondages.

Emmanuel Macron va-t-il lui renouveler sa confiance, ou avancer un autre nom ? Rien n’est sans danger. Avec sa gestion de crise, Édouard Philippe a endossé le costume de potentiel présidenti­able. Il pourrait incarner une alternativ­e à Emmanuel Macron. Dès 2022 ? En 2027 ? Vaut-il mieux, alors, pour le président de la République, conserver le loup dans la bergerie, ou en dehors ? Édouard Philippe peut-il demander à sortir pour se poser en recours ? Ancelot, le dramaturge havrais, n’aurait sûrement renié aucun des actes de cette pièce de théâtre politique. « Vingt points d’écart par rapport aux autres élections municipale­s, ça dit la difficulté démocratiq­ue à laquelle on est exposé », estime Florian Silnicki, expert en communicat­ion de crise. La participat­ion le  mars avait été plombée par l’urgence sanitaire et l’imminence du confinemen­t. Quinze semaines plus tard, l’épidémie a beau être au plus bas en France, « une part de l’opinion publique n’a pas été rassurée et ne s’est pas déplacée pour ne pas s’exposer ». Au-delà de la peur, bien moins justifiée aujourd’hui, c’est bien le temps qui a émoussé l’intérêt des électeurs. Cette campagne d’entre-deux tours aura été la plus longue de l’Histoire. La plus inaudible, aussi, quand nombre de Français restent aux prises avec « des difficulté­s sanitaires, économique­s et sociales », rappelle Florian Silnicki. «Les campagnes qui s’éternisent dans le temps aggravent les difficulté­s

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(Photo AFP)

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