Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Marseille, Paris et Lyon, vers un grand chelem rose-vert
Les plus grandes villes françaises sont désormais du même bord… sauf ultime rebondissement à Marseille. Des victoires, au terme d’une campagne qu’ils ont autant réussie que leurs adversaires l’ont loupée
Une femme maire, à l’ombre de la Bonne Mère, c’est une première ! Jamais les Marseillais n’avaient confié les clés de l’hôtel de ville à une femme. Sauf accord surprise de ses divers opposants à ses dépens, ils ont élu Michèle Rubirola. Cette discrète médecin de quartier de 63 ans totaliserait 40 % des voix selon les estimations. « Une victoire difficile, elle n’en est que plus belle » à ses yeux. Cette militante écolo de longue date, en rupture de ban avec EE-LV, emmenait la liste du Printemps marseillais, un mix original entre militants de gauche et mouvement social. Comment expliquer un tel écart de voix (estimé à 10 %) avec la candidate LR ? Minée par la dissidence d’un autre candidat de droite, Bruno Gilles, la fin de la campagne de Martine Vassal a été plombée par des pratiques contestables, parmi ses colistiers, en matière de procurations. Surtout, la fin de l’ère Gaudin, en place depuis 25 ans, a été difficile. Principaux reproches, repris en boucle par les supporters du Printemps marseillais : l’habitat insalubre, dénoncé depuis l’effondrement de deux immeubles, rue d’Aubagne en 2018, l’état des écoles ou la fracture entre le nord, le centre et le sud de la ville. Camouflet ultime, la candidate LR perd dans son propre fief. Pour autant, elle ne reconnaît pas sa défaite : « Ce soir, je n’ai pas perdu. » Car le mode de scrutin électoral, à Marseille est spécial. Pour gagner, il faut décrocher un maximum d’élus dans chacun des huit secteurs. Premier à refaire les comptes, vers minuit : Renaud Muselier. « Pas de majorité absolue au conseil municipal. Je demande à tous les élus de mettre leurs rancoeurs à la corbeille et de redonner une perspective à Marseille »…. Quitte à en passer par une coalition anti-Rubirola qui irait jusqu’à Samia Ghali, l’ex-PS réélue hier dans les quartiers Nord ? Improbable, mais la ville a connu dans le passé des rapprochements tout aussi inattendus. « Rendezvous le vendredi 3 juillet », pour l’élection du maire, a fixé Martine Vassal. Mauvaise soirée également pour le RN marseillais, qui perd le siège symbolique qu’occupait Stéphane Ravier, maire du 7e secteur (quartiers Nord). Un candidat LR a profité du retrait de la gauche pour lui prendre son écharpe.
Large victoire d’Hidalgo à Paris
Zéro suspense à Paris : la maire sortante Anne Hidalgo remporte une victoire nette à l’issue d’une campagne carrée. À la tête d’un attelage classique autour des partis de gauche, elle a réussi à contenir la poussée écologiste, en multipliant les initiatives, tout au long de son premier mandat, en faveur des déplacements doux et contre la spéculation immobilière. Bref, «une ville plus solidaire qui ne laisse personne sur le bord du chemin ». Elle a aussi profité d’une énorme cacophonie dans le camp présidentiel, qui nourrissait pourtant de grandes ambitions dans la capitale. Dissidence de Cédric Villani, vidéo embarrassante pour Benjamin Grivaux, remplacé au pied levé par Agnès Buzyn. Au final, le score est médiocre (13 %). La droite, en revanche, a retrouvé des couleurs, grâce à Rachida Dati (33 %), qui a réussi, à force de pugnacité, à incarner l’opposition. Et à prendre date.
Les écologistes ont mangé du Lyon
La capitale des Gaules tombe dans les bras des écologistes, ville et métropole comprises. Vous ne connaissiez pas Grégory Doucet ? C’est ce candidat écolo qui a relégué hier à plus de 20 points Yann Cucherat (LREM), le favori de Gérard Collomb : 53 % contre 30 %. Le maire historique de Lyon a pourtant tout tenté pour barrer la route à EE-LV. Il a même passé un accord d’entre-deux-tours avec la droite de Laurent Wauquiez. Une manoeuvre perçue entre Saône et Rhône comme de la vieille politique. Mais pour Europe Ecologie-Les Verts, la conquête de la métropole, dotée de pouvoirs élargie, est tout aussi importante. Celui qui devrait en prendre la tête évoquait hier «un choix historique » .Lemot n’est pas trop fort.