Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Et si on offrait une baguette aux démunis
A Nice-Est, un boulanger propose à ses clients de payer d’avance du pain ou des parts de pizza. Ces dons permettent d’alimenter des paniers solidaires pour les personnes en difficulté
Aidez-nous à aider ! » L’affichette apposée à l’entrée de « La Gourmandise », avenue Antonia-Augusta, annonce la couleur : solidaire. Depuis trois mois, les clients de cette boulangerie située dans le quartier populaire de Pasteur à Nice-Est sont invités à faire un geste pour les plus démunis, en achetant une « baguette » suspendue. L’initiative est née au début du confinement afin de répondre à la crise sociale causée par la pandémie. En mettant à l’arrêt l’économie azuréenne, le Covid-19 a augmenté le nombre de personnes en situation de précarité. « On s’attend à 30 % de pauvres en plus d’ici la fin de l’année », avait alerté dès fin avril Jean Stellitano, président départemental du Secours Populaire.
La solidarité au rendez-vous
Chaque semaine plus d’une trentaine de clients font un geste dans la boulangerie de Taieb pour ceux qui n’ont rien. « Je trouve que depuis le Covid il y a beaucoup de solidarité, témoigne le boulanger. Ce panier solidaire qu’on a mis en place fournit aux clients une occasion de faire un geste de plus. » Il s’interrompt pour servir une cliente « masquée. » Elle le questionne sur le concept de la baguette suspendue. Et dépose 2 euros supplémentaires dans la cagnotte. Sur une fiche située derrière la caisse, Taieb ajoute 2 barres à la liste du nombre de pains offerts depuis lundi. Deux à trois fois par semaine, Cyria qui est à l’origine de cette initiative [lire cidessous] les récupère pour agrémenter les colis alimentaires des plus démunis. « Je complète aussi », sourit Taieb. Le boulanger n’hésite pas à rajouter quelques baguettes, parts de pizzas ou pissaladières qui sont ensuite distribuées par les associations caritatives. Et demain ? Cyria espère que « la baguette suspendue » va essaimer. «Silapériode du Covid est peut-être passée, c’est maintenant qu’il y a des difficultés. »