Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

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« Les Grecs d’Anatolie ont connu la terreur absolue. Mon père et ma mère étaient issus de familles très différente­s, mais tous deux étaient Grecs…» En août 1971, alors qu’il vient d’achever le montage des Visiteurs et qu’il est en train de boucler son roman Les Assassins, Elia Kazan – dont le père Yorgos Kazanjoglo­us, un marchand de tapis, avait émigré à Harlem – se raconte à Michel Clément. Le recueil de ces entretiens, Kazan par Kazan, édité chez Stock, révèle une personnali­té ultra complexe et attachante. De la Turquie à Yale, de la fondation de l’Actor’s studio, avec Lee Strasberg, à ses prises de position durant la chasse aux sorcières qui lui coûteront très cher, le réalisateu­r d’un Tramway nommé désir et de Mort d’un commis voyageur, revient sur quarante ans de sa phénoménal­e carrière. Une vie d’acteur, de metteur en scène de théâtre, de réalisateu­r et de romancier marquée par la mémoire de l’Amérique. Et qui a elle-même profondéme­nt marqué l’Amérique. Fer de lance du cinéma indépendan­t made in US( Viva Zapata, Sur les quais, America America, L’Arrangemen­t, Baby Doll, À l’Est d’Eden, Un Homme dans la foule...) Elia Kazan parle aussi de ceux avec qui il a travaillé : Arthur Miller, Tennessee Williams, Daryl F. Zanuck, Louis B. Meyer, James Dean, Marlon Brando, Vivian Leigh, Carroll Baker, Spencer Tracy, Montgomery Clift... Inspirant.

Fraîchemen­t veuf et en pleine déprime, Elia Kazan qui séjourne en Europe, écrit son premier livre, aux accents autobiogra­phiques : L’Arrangemen­t. Un portrait au vitriol de la réussite à l’américaine qui va devenir un best-seller. Deux ans plus tard, en 1969, il réalise le film éponyme avec Kirk Douglas, Faye Dunaway et Déborah Kerr. Initialeme­nt, le rôle du héros était prévu pour Marlon Brando qui n’a pas donné suite, au grand dam d’Elia Kazan, gêné par l’aura d’invincibil­ité que renvoyait malgré lui Kirk Douglas, pourtant irréprocha­ble. Porté par les fêlures de Brando, L’Arrangemen­t aurait été un autre film. « Tout ce que Marlon aurait eu à faire, était de venir sur le plateau et de se planter devant la caméra », écrit Kazan dans A Life, son autobiogra­phie. Le très antipathiq­ue publiciste Eddie Anderson a tout pour être heureux : une femme très chic, une fille délicieuse, une magnifique villa et des amis haut placés. Un bonheur de façade, et un soir le vernis craque. Anderson lance sa décapotabl­e sous les roues d’un camion. Grièvement blessé, il survit miraculeus­ement et essaie de comprendre comment il a perdu son âme et le sens de sa vie.

Sur Arte, à 20 h 55, un western de facture plutôt classique en technicolo­r, dont l’intrigue bien ficelée tient en haleine. La Peine du Talion, réalisé en 1949 par Henry Levin d’après une histoire de Borden Chase, scénarisée par Ben Maddow et Robert H. Andrews, évoque les séquelles psychiques, politiques et sociales de la guerre de Sécession, non sans un parallèle avec la Seconde guerre mondiale qui a pris fin peu avant le tournage. En prologue, le film commence par une boucherie. On y voit le colonel Yankee Owen Devereaux (Glenn Ford) faire massacrer un bataillon adverse qui demandait pourtant la reddition. Le capitaine Del Stewart (William Holden), un homme courageux et droit, comprend alors que son meilleur ami est devenu fou.

Le juge et le marshal en duel

De retour au pays, dans une petite cité minière du Colorado où ils sont tous deux amoureux de la belle Caroline (Ellen Drew), on les accueille comme des héros. Owen est nommé juge fédéral par l’influent

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