Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Pastoralisme : l’heure de la transhumance a sonné
Jacques et Pierre Courron, deux bergers de l’arrière-pays grassois, s’apprêtent à conduire leurs troupeaux à Entraunes. Ils ont rassemblé leurs bêtes au plateau de La Malle, au-dessus de Grasse
Après avoir pris la route qui mène au plateau de la Malle, au détour d’un chemin sinueux et arboré, on découvre, nichée à flanc de colline, la ferme de Pierre Courron. Avec son frère Jacques, berger à Gourdon, il organise le départ en estive, de leurs troupeaux respectifs, soit plus de 2 000 brebis.
Comprendre le travail des éleveurs
En attendant, les bêtes paissent tranquillement, sous les frondaisons des pins, sur les hauteurs qui dominent l’exploitation. Pour les rejoindre, il faut cheminer à pied sur des sentiers escarpés pentus à plus de 1 300 mètres d’altitude. L’ascension est difficile, mais une fois arrivés, on oublie l’effort fourni en découvrant le troupeau et les agneaux affectueux qui, curieux, s’approchent sans crainte, protégés par les six patous qui les surveillent. Et Pierre Courron d’expliquer : « Nous allons partir le 1er juillet pour l’estive. Cela permet d’échapper aux chaleurs estivales. Là où nous allons, l’herbe est plus verte et les températures plus fraîches. C’est un endroit idéal pour les brebis et leurs agneaux. Au début du mois d’octobre, nous reviendrons à la ferme. Durant l’hiver, les bêtes broutent au coeur des prairies alentour, et consomment le foin. Nous vivons en autosuffisance. Si autrefois, la transhumance se déroulait à pied, aujourd’hui c’est le transport par camion qui prévaut, pour des raisons évidentes de sécurité.
Les Patous « anges gardiens »
De race Montagne des Pyrénées, les patous sont les anges gardiens du troupeau. À la différence des chiens de race Border, qui rassemblent les bêtes, ils veillent nuit et jour sur les brebis. « Ils maintiennent autour du troupeau un périmètre de sécurité et alertent le berger de toute présence suspecte dans le secteur, chien errant, loup, randonneur ou vététiste. Sous leur apparence débonnaire et tranquille, les patous parviennent la plupart du temps à tenir les prédateurs à distance. Élevés avec les brebis, ils font partie du troupeau. » Pour les soins réguliers du troupeau, c’est un vétérinaire référent de la Drôme qui effectue les vaccins et les différents contrôles tous les ans. « Un vétérinaire attitré sur place qui interviendrait sur les communes de l’arrière et du haut pays serait le bienvenu », remarque Deborah, l’épouse de Jacques. Emmanuel Delmotte, le maire de Châteauneuf, très concerné par ce projet envisage de s’attacher à sa réalisation en se rapprochant des autres communes qui accueillent les bergers. En attendant, les deux pâtres terminent leurs préparatifs car il ne reste que trois jours avant .... le grand départ pour l’estive !