Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Un papy vendeur de cocaïne en prison
Jean-Paul Gangloff, retraité de 64 ans, connu par le passé pour des activités de trafic de drogue et d’armes, n’avait pas fait parler de lui depuis dix ans. Ce weekend, la justice l’a écroué. Et il a été condamné lundi à trois ans de prison dont dix-huit mois avec sursis. La brigade des stupéfiants de Sûreté départementale a surveillé plusieurs mois le sexagénaire, notamment en interceptant ses conversations téléphoniques. Lors de la perquisition de son domicile dans le quartier de Cessole, les enquêteurs ont découvert 225 g de cocaïne disséminés dans un modeste deux-pièces. 820 euros en espèces, des balances de précision, une comptabilité, des sachets de conditionnement… ont également été saisis. Jugé en comparution immédiate, Jean-Paul Gangloff, père et grandpère à l’allure débonnaire, s’explique : « Je garde cette drogue pour certaines personnes. » « Vous êtes une nourrice en quelque sorte », résume le président Alain Chemama. Le prévenu invoque une consommation quotidienne de cocaïne et reconnaît la revente de quelques grammes à des amis. Serveur sans emploi, son commerce illégal aurait duré dix-huit mois. Connu sous le surnom de « JP », il vendait le gramme à 70 euros dans des bars ou aux abords de la gare.
« Ça me permet de me nourrir »
« Quand je trouve des extras en restauration, j’arrête la vente de cocaïne. Sinon, ça me permet de payer mon loyer et de me nourrir. » L’individu qui revendique une dizaine de clients fidèles, prétend avoir une dette de 10 000 euros à l’égard de son fournisseur. Les enquêteurs pensent que le nombre de clients est bien supérieur aux déclarations du suspect. Infirmière, technico-commerciale, coiffeuse, chargé de marketing… se fournissaient auprès du retraité. « Les écoutes téléphoniques sont sans ambiguïté », remarque le président Chemama. « Toutes ces personnes sont des amis qui venaient chez moi pour des apéros » , oppose le prévenu. « Ce n’est pas une excuse absolutoire, remarque le magistrat. On ne vous reproche pas que de sniffer de la cocaïne mais d’en revendre. » Le procureur Vincent Edel rappelle que « Monsieur est revenu à ses anciens démons ». Le magistrat requiert trois ans de prison dont deux avec sursis probatoire. Me Corentin Delobel souligne que son client, « cocaïnomane dans une situation financière délicate », a surtout cherché à financer sa consommation personnelle : «Il ne roule pas sur l’or, n’en tire pas de bénéfices à tel point qu’il envisageait d’aller vivre chez sa fille. » Cardiaque, à la santé précaire, le prévenu serait en danger en prison, selon son avocat. Un argument qui n’a pas convaincu les juges, notamment au regard de la quantité de drogue saisie et des antécédents du retraité.