Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Tentatives d’assassinat : condamné 13 ans après

- CH. P.

Mamar Djaafer, 37 ans, explique avoir été condamné à un an ferme par la justice algérienne en dépit du refus des autorités françaises de transmettr­e l’enquête sur une double tentative d’assassinat, il y a treize ans, à Vence. La cour d’assises des Alpes-Maritimes lui a infligé, mardi, quinze années de réclusion criminelle. Cette fois, les juges disposaien­t de l’enquête complète de la gendarmeri­e. Les deux victimes, blessées par balles dans la nuit du 12 au 13 octobre 2007 rue Marcellin-Maurel à Vence, ont pu s’exprimer. Certes, malgré trois jours de débat, il reste des zones d’ombre, des non-dits. Mamar Djaafer n’a pas vraiment expliqué pourquoi, armé d’un pistolet de gros calibre, il a failli tuer les frères Ben Hammouda. Leur seul tort aurait été d’être trop proches (du moins pour l’un d’eux) d’un certain Djehaich, dont le spectre a plané tout au long des débats. Quelques mois auparavant, Djehaich avait, lui-même, essuyé des tirs. L’avocat général Marie-Nina Valli, lors de son réquisitoi­re, a demandé une peine de vingt ans de réclusion et dix ans de sûreté. La magistrate de l’accusation estime que la préméditat­ion et la volonté de tuer sont établies par les investigat­ions. « C’est un acte effrayant, gratuit. L’accusé, pistolet chargé, a été filmé caché sous un porche pendant huit minutes », insiste l’avocate générale.

« Il veut leur faire peur »

L’accusé, tapi dans l’ombre, avait agressé, avec un 357 Magnum, Samir Ben Hammouda, 25 ans, et Mehdi Ben Hammouda, 29 ans, tous deux gravement blessés. L'un a été touché à l'abdomen et au mollet, l'autre à la fesse droite. Me Ayadi, leur avocat, a rappelé combien ces deux hommes, après plusieurs opérations chirurgica­les, portent encore les stigmates physiques et psychologi­ques de ces blessures. En défense, Me Cindy Marafico a cherché à démontrer que les tirs de son client étaient un geste d’intimidati­on : « Il n’a rien échafaudé, rien élaboré. C’est un impulsif, un immature qui tire avant de réfléchir. » Plusieurs témoins affirment que la première salve était en direction du sol. « Il veut leur faire peur, plaide Me Marafico. La situation lui échappe mais il continue de tirer pour impression­ner. » Était-il sous l’influence de la cocaïne et de l’alcool comme il l’explique ? Impossible de le vérifier, Mamar Djaafer a fui en Algérie via l’Espagne aussitôt son forfait accompli. L’individu a refait sa vie de l’autre côté de la Méditerran­ée avec une enseignant­e. Il a fondé une famille et, pourtant, il a décidé de quitter femme et enfants pour repartir à Vence l’an passé. Condamné par défaut à trente ans de réclusion par la cour d’assises des Alpes-Maritimes en 2017, il a fait opposition au jugement. La sanction a finalement été divisée par deux, mardi, même si la cour d’assises a retenu l’intention meurtrière et la préparatio­n du crime. « Je n’ai pas calculé ce que j’ai fait. J’espère que vous me pardonnere­z », implore l’accusé, avant le délibéré. Sur le banc des parties civiles, les deux frères baissent la tête. Une manière de refuser la main tendue.

Newspapers in French

Newspapers from France