Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Aux assises pour avoir brisé les bras de sa femme
Un maçon a frappé son épouse à coups de barre de fer devant leur fils. Il est jugé depuis hier pour tentative de meurtre
Mathilde était agent d’entretien. Elle se levait chaque matin à 5 heures. Une femme courageuse qui, depuis l’agression qu’elle a subie par son mari, ne peut plus travailler. Le 18 avril 2018 vers 22 h 45, dans un appartement boulevard Jean-Baptiste-Verany, sur les rives du Paillon, Mathilde dort. Manuel Carvalho, maçon cap-verdien de 59 ans allume la lumière, ferme la porte. Son visage est déformé par la colère. Son regard était alarmant, se souvient sa femme qui ne l’a jamais vu dans cet état. Il n’a, jusqu’à présent, jamais levé la main sur elle. Elle reçoit un premier coup de barre de fer sur la tête. Elle tente de se protéger, Deux coups s’abattent sur son avant-bras droit puis sur le gauche. Entre-temps, son mari brise une table de chevet. Rodrigue, leur fils de 18 ans, intervient et se place en protection. Son père va chercher un couteau. «Je vais te tuer », menace-t-il. Il est repoussé par le jeune homme qui continue de s’interposer. Le mari violent fuit et se rend à la police vers 2 heures.
Des menaces de mort écrites
Sur le canapé, quatre feuillets écrits d’une main fébrile sont retrouvés : «Je ne supporte plus cet abus. J’ai la certitude que Mathilde fait entrer Hyppolito chez moi. Je vais en finir avec elle puis avec moi. Elle refuse de quitter le domicile, je vais en finir avec elle. »
Non seulement Hyppolito n’existe pas mais Mathilde envisageait de demander le divorce, fatiguée par les crises de jalousie de son mari, sa suspicion et ses reproches incessants. Ces quatre feuillets rédigés à la hâte pèsent lourd. Ils ont poussé la justice à renvoyer le mari violent devant une cour d’assises pour y répondre de tentative d’assassinat sur conjoint. Dans ses délires de mari prétendument bafoué, l’accusé avait également laissé une lettre sur le pare-brise de sa femme. Lettre écrite soi-disant par un tiers où Mathilde est insultée. Dans le box des accusés, Manuel Carvalho pleure, se prend la tête entre ses mains. À la barre, Mathilde pleure aussi. L’intimité d’un couple qui ne s’entend plus est publiquement analysée par le président, Patrick Veron. Dix-huit ans de vie commune ont été brisés en même temps que les bras de cette femme. « Typiquement des blessures de défense », remarque le magistrat. « Deux fractures sur le cubitus droit, une sur le radius gauche », détaille le légiste. Mathilde s’est évanouie de douleur. Elle a dû être opérée, plâtrée et garde aujourd’hui des séquelles de l’agression qui ne lui permettront plus jamais de reprendre son travail. Les plaidoiries et le verdict sont attendus aujourd’hui. Me Julien Darras ne fait pas mystère qu’il demandera la requalification des faits en violence avec arme, son client n’ayant jamais eu, selon lui, d’intention meurtrière. Mes Sabrina Pierrini et Sandrine Reboul, parties civiles, seront les porte-parole des femmes et des enfants qui subissent des violences conjugales.