Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Festival du film francophone : un parfum cannois à Angoulême
Fondé en 2008 sous l’impulsion de l’ancien agent Dominique Besnehard et la réalisatrice Marie-France Brière, le Festival du film francophone d’Angoulême (FFA), qui ouvre ses portes aujourd’hui, a su gagner ses galons pour devenir aujourd’hui l’un des principaux événements consacrés au 7e art de l’Hexagone, derrière l’inévitable rendez-vous cannois.
De nombreux films sélectionnés à Cannes
Il sonne aussi le coup d’envoi de la rentrée cinématographique, avec une foule de talents présents fiers de dévoiler au public des films dont les sorties sont prévues au moment de l’événement ou plusieurs mois plus tard. Un panel riche, diversifié, encore plus attendu cette année, puisque le festival est le premier de cette envergure à se tenir depuis la crise sanitaire. Signe de ce caractère exceptionnel, le Premier ministre Jean Castex, accompagné de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, y seront présents cet après-midi. Le fait que Cannes n’ait pas pu se dérouler sous sa forme traditionnelle, obligeant Thierry Frémaux et Pierre Lescure à mettre en place un label pour soutenir des longsmétrages – essentiellement français – participe de la hype autour de la programmation. Ce cru angoumoisin 2020 en reprend quelques-uns… et pas des moindres. A savoir la comédie Les Deux Alfred de Bruno Podalydès, portée par son frère Denis et Sandrine Kiberlain, Un triomphe dans lequel Kad Merad donne des cours de théâtre à des prisonniers, Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait, nouvelle réflexion romanesque du Marseillais Emmanuel Mouret, qui réunit Camélia Jordana et Niels Schneider ou encore le drame Des hommes de Lucas Belvaux autour du traumatisme d’anciens soldats français qui ont fait la guerre d’Algérie. Gérard Depardieu y donne la réplique à Jean-Pierre Darroussin et Catherine Frot.
La Semaine de la critique se délocalise
Deux oeuvres mettant en lumière des acteurs de Dix pour cent (la série produite par Dominique Besnehard) qui auraient également dû être présentées sur la Croisette apparaissent aussi dans la sélection. Ainsi, dans Garçon chiffon, Nicolas Maury dirige Nathalie Baye, et Antoinette dans les Cévennes permet à Laure Calamy de s’emparer pour la première fois d’un rôle majeur aux côtés de Benjamin Lavernhe, de la Comédie française. L’ombre de Cannes planera également sur le festival lors d’une importante carte blanche accordée à la Semaine de la critique, dans laquelle figure par exemple le film d’horreur La Nuée ou encore Seize printemps, réalisée par Suzanne Lindon, fille d’un certain Vincent. L’occasion d’offrir au public un versant « art et essai » qui se pose en contrepoint de projections de comédies au fort potentiel commercial comme 30 jours max, nouvelle livraison de la troupe comique La Bande à Fifi, et le familial Parents d’élèves. La manifestation n’oublie pas de coller à l’actualité nationale. En salles depuis mercredi, Effacer l’historique, du duo Kervern-Delépine, sur le combat d’anciens « Gilets jaunes » contre les géants du Web, fait office d’ouverture. Les compères grolandais présideront également le jury chargé de remettre les plébiscités « Valois d’or ». Seul manque notable : The French Dispatch de Wes Anderson, film tourné à Angoulême au casting prestigieux (Mathieu Amalric, Léa Seydoux, Bill Murray, Benicio del Toro, Adrien Brody, Timothée Chalamet…). Nul doute qu’une avant-première internationale aurait permis au FFA de franchir encore un cap. En marge des projections, plusieurs expositions sont au programme – dont l’une consacrée à Isabelle Huppert, qui viendra défendre en clôture La Daronne –etune chaîne YouTube permet de suivre à distance quelque temps forts. Le public, qui a répondu présent avec déjà plus de 11 000 tickets vendus, doit pour sa part réserver obligatoirement ses places en ligne, porter un masque dans le centreville… mais aussi lors des projections, pour limiter les risques de contamination.