Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

LE GRAND DÉPART

Les Azuréens Amaël Moinard et Geoffroy Lequatre ont reconnu cette première étape. Pour eux, le danger vient des descentes

- Textes : Romain LARONCHE

La course Nice : ils s’élancent

L’étape Quels sont les pièges ?

Les pronos Bernal favori ?

Les maillots Comment les reconnaîtr­e

Qui va rafler cette première étape, porter ce premier maillot jaune et entrer dans l’histoire du cyclisme ? Cette première étape sinueuse et nerveuse découpée en trois boucles promet du spectacle. Nous avons demandé aux jeunes retraités Amaël Moinard et Geoffroy Lequatre, 14 participat­ions au Tour de France à eux deux, de jouer les éclaireurs. Leur verdict est limpide : « Les équipes de sprinteurs ne peuvent pas passer à côté de cette occasion de se disputer le maillot jaune. Il y a 100 % de chances que ça arrive au sprint », estime Geoffroy Lequatre. « Désolé de vous décevoir, mais je crois qu’on aura un sprint royal sur la promenade des Anglais, lâche de son côté Amaël Moinard. Sur le Tour, la première étape, c’est un rouleau compresseu­r. L’échappée ne prendra jamais de temps, elle sera toujours contrôlée par les équipes de sprinteurs. Et elles seront aussi aidées par celles des leaders, qui vont accélérer pour se placer devant avant les descentes. » Voilà le mot qui effraie le peloton. Les fameuses descentes de ces routes étroites de l’arrière-pays niçois. « Les pièges sont là, reprend le Saint-Jeannois. Les deux descentes, celle d’Aspremont et surtout celle de Levens vers La Roquette-surVar, puisqu’on va s’approcher de l’arrivée. Elle est sinueuse, étroite et une première étape du Tour, c’est toujours hyper nerveux. Il y aura forcément des cassures dedans. » Le scénario de la coursepour­suite entre l’échappée d’intrépides et le peloton va-t-il tenir ? Le suspense peut-il résister jusqu’aux derniers kilomètres de la promenade des Anglais ? « Sur des petites routes comme ça, il y a des gars qui vont prendre tous les risques, assure Lequatre. Mais, non, l’échappée est vouée à l’échec. La vallée du Var, où il y a toujours du vent de face, va faciliter les retours. » En bas de l’ultime descente du tracé, lors de la traversée de Saint-Martin-du-Var, il restera encore 28,5 km avant de rejoindre l’arrivée sur la promenade des Anglais. « Il faudrait 2 minutes minimum à Saint-Martindu-Var pour espérer aller au bout, calcule l’ancien grimpeur d’Arkéa-Samsic. Mais il ne faut pas oublier que les sprinteurs sont les meilleurs descendeur­s du peloton. Pour moi, ils seront tous là à l’arrivée, parce que l’étape n’est pas dure, mais plutôt roulante. Ils vont être fatigués, c’est sûr, mais en empruntant trois fois la vallée du Var avec le vent de face, ils seront à l’arrivée. Sur la 202 bis, tu récupères, et pour les équipes de sprinteurs, ces circuits sont simples à contrôler. »

« Le sprint va être majestueux »

Un écrémage du peloton est-il quand même possible ? « Les meilleurs sprinteurs sont capables de passer les grands cols, alors ils ont l’habitude de ce type de profil, assure Lequatre. Et même s’il y en a un qui connaît un problème, il mettra toute son équipe au service pour rentrer dans la vallée. Pour la victoire, je vois bien un coureur du type de Sagan. » À en croire les deux coureurs rompus aux courses par étapes, Nice doit se préparer à un premier sprint massif, comme en 1981 lorsque Freddy Maertens s’était imposé sur le bord de mer. « J’ai envie que tous les sprinteurs passent, reprend Moinard. Je veux voir un sprint massif. À part sur les Champs-Élysées, où est-ce que tu trouves pareille occasion ? Ici, tu as les 5-6 derniers kilomètres, tout droit, sur une grande route, sans le moindre rond-point. Une arrivée comme ça, on ne la voit plus sur le Tour, où, d’habitude, les équipiers se relèvent parce que c’est trop dangereux. Là, le sprint va être majestueux. Visuelleme­nt, ce serait bénéfique pour notre sport mais aussi pour Nice. » On l’aura bien compris, pour les deux ex-coureurs, pas la peine d’envisager tous les scénarios. « L’échappée est morte directe, tranche Moinard, encore présent sur le dernier Tour. Personnell­ement, je n’aurais pas tenté, connaissan­t l’étape du lendemain (les ascensions de La Colmiane, du Turini et d’Èze), le vent de face dans la vallée du Var… Ce que tout le monde va savoir, parce que les équipes ont des indics partout. » Alors, quels sont les ingrédient­s qui vont quand même pimenter cette première journée ? « Il y aura une bagarre pour le maillot à pois dans la montée de Rimiez. Pour les non-sprinteurs, c’est le seul objectif du jour. » Classée en troisième catégorie, la côte de Rimiez, qui suit celle de Cimiez, propose quelques raidars jusqu’à l’aire Saint-Michel. « C’est plutôt une opportunit­é pour l’échappée-marketing, pour montrer le maillot », glisse Geoffroy Lequatre, dont la silhouette ressemble toujours à celle d’un pro.

« S’il y a un orage, alors là, ça promet du spectacle »

Une seule hypothèse viendrait contrarier les plans bien huilés des équipes de sprinteurs. Celle de la chute. « Dans la descente de Levens, il peut y avoir un “strike” qui coupe le peloton en deux et là, ça peut vite devenir compliqué », pense le natif de Cherbourg. «Un leader peut perdre le Tour dès cette étape, s’il est pris dans une chute », estime même le fondateur de G4. Enfin, le dernier écueil est d’ordre météorolog­ique. « S’il y a un orage, alors là, ça promet du spectacle ! Sur ces routes, ça sera la savonnette. » « Ah oui, sous la pluie, on avait fait péter le peloton, dans la descente de Gourdon sur Paris-Nice, quand on roulait pour Philippe Gilbert » (en 2013, chez BMC. Le Belge avait pris la deuxième place sur la promenade des Anglais derrière Sylvain Chavanel), se rappelle Amaël. La pluie est justement annoncée par Météo France. Ce qui peut rendre cette première étape promise aux sprinteurs extrêmemen­t périlleuse.

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La descente d’Aspremont vers Castagnier­s et la plaine du Var, l’un des pièges de ce parcours.
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