Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Schneiderl­in retour aux sources

FOOTBALL (LIGUE ) STRASBOURG - NICE

- WILLIAM HUMBERSET

Le stade de La Meinau sonnera creux ce soir. Un gâchis pour le spectacle de la Ligue 1, carrément un crève-coeur pour Morgan Schneiderl­in. Ce rendez-vous de la deuxième journée, il l'avait coché depuis la sortie du calendrier. Après douze années passées Outre-Manche, l'enfant du pays rentre chez lui. Avec le numéro 6 et le maillot du Gym sur le dos. Mais tout amoureux du Racing n'en voudra jamais à ce pur-sang alsacien que le club avait honoré du numéro 100 pour les festivités du centenaire. « Il reste encore aujourd'hui le plus jeune joueur à avoir signé son premier contrat pro à Strasbourg » (16 ans), admire Thomas Zerbini, un ex-coéquipier du centre devenu un ami pour la vie. Du classique chez Schneiderl­in, un homme pudique en public, « fiable, fidèle, quelqu’un sur qui on peut compter » dans la sphère privée, abonde Stéphane Tritz, autre partenaire de formation. « On avait intégré l'équipe profession­nelle ensemble. Après une Coupe du monde, un Euro et Manchester United, c'est toujours le Morgan Schneiderl­in que j'ai connu. Il a gardé ses bases familiales et le même socle d'amis qu'il avait à ses 18 ans. »

« Il pouvait sortir d’un bon match et te parler seulement du ballon qu’il avait perdu »

La trajectoir­e d’un villageois de Zellwiller ambitieux, travailleu­r et sérieux. Petit-fils de Gérard, l’un des fondateurs du club de foot du village, Morgan tape rapidement la balle avec les copains sur le macadam. Il a cinq ans quand le Racing Club de Strasbourg détecte déjà le talent d’un futur internatio­nal, toutes catégories d’âges confondues. « Il était au-dessus. Mais ce qui m’a marqué chez lui, c’est qu’il pouvait sortir d’un bon match et te parler seulement du ballon qu’il avait perdu, » raconte Thomas. « C’était le plus jeune de l’équipe et ce qu’il retenait c’était la mauvaise prise de balle à tel moment, le mauvais tacle sur telle action, surenchéri­t Stéphane. C’est la marque des perfection­nistes, tout simplement. » Quand ses potes réalisent l’exploit de gagner la Gambardell­a face au Lyon de Benzema, Pied et Mounier en 2006 (3-1), Schneiderl­in a déjà, lui, la tête chez les pros. Avec le temps, JeanMarc Furlan regrettera de n’avoir pas eu le contexte favorable à l’éclosion de ce pur talent de 17 ans. Et à force de repousser ses limites, Schneiderl­in traverse les frontières. « Certains ont pu penser qu’il était fou quand il est parti en Angleterre. Southampto­n, ce n’était pas un cador de Premier League, il aurait pu choisir la facilité, rembobine Stéphane Tritz. Mais c’était un choix très réfléchi, il savait que les qualités footballis­tiques, il les avait. Il lui manquait de l'impact à la récupérati­on. C’était un beau joueur à regarder, pas un besogneux. Il est devenu le milieu box-to-box qu'il est aujourd’hui grâce à ça.» Rapidement imprégné de la mentalité british - « Même au ping-pong ou au tennis-ballon, il veut toujours gagner » - Morgan peut compter sur les potes pour réussir ses premiers pas en anglais. « Il partait de zéro. Il nous appelait pour qu’on commande les pizzas à sa place (rires). » Il y a eu des coups de fil plus sympas aussi, notamment ceux de Didier Deschamps pour le sortir de son statut de réserviste en 2014 et 2016. « Le destin fait bien les choses, souffle Tritz. Une Coupe du monde au Brésil et un Euro en France, difficile de rêver mieux. » A 30 ans, Schneiderl­in a connu de grosses blessures, comme la disparitio­n d’Albert, son père, en 2018, mais il continue de viser plus loin. Ce retour en Ligue 1, c’est aussi revenir sous les yeux du sélectionn­eur et montrer que ses blessures forgent désormais sa force. « Il s’est organisé toute une structure à domicile pendant le confinemen­t, avec salle de gym et préparateu­r physique perso le matin, et un kiné qui le suivait l’après-midi. Dès qu’il a su qu’il signait à Nice, il regardait toutes les infos mercato du club. C’est un passionné, il met toutes les chances de son côté pour atteindre ses objectifs élevés. » Caroline, sa maman, et ses amis seront en tribunes ce soir pour de courtes retrouvail­les. Ils repasseron­t le voir bientôt à Nice, une région pour laquelle Morgan a déjà une forte affection. « C’est là où il avait demandé Camille en mariage, où ils se sont mariés aussi. Leur second enfant viendra au monde à Nice, ça prendra tout son sens, » pour Stéphane Tritz. Du coup, plutôt supporter du Racing ou du Gym ce soir le clan Schneiderl­in ? « Allez Nice, ose Thomas Zerbini. Obligé, les copains d’abord ! »

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 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? « Même au ping-pong, Morgan veut toujours gagner » plaisante Thomas Zerbini, son ami connu au centre de formation du Racing, à  ans.
(Photo Sébastien Botella) « Même au ping-pong, Morgan veut toujours gagner » plaisante Thomas Zerbini, son ami connu au centre de formation du Racing, à  ans.

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