Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Mon favori de coeur : Pinot »

Coureur populaire comme jamais et 4e du Tour 2011, a bouclé 15 éditions sur le vélo avant de devenir consultant sur la moto de France Télévision­s

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Quinzee participat­ions au Tour sans jamais abandonner, 4 en 2011, deux fois dix jours en jaune et meilleur grimpeur 2012 : entre Thomas Voeckler et le Tour, c’est une grande histoire d’amour. Consultant sur la moto, au coeur du réacteur, pour France Télévision­s, l’actuel manager de l’équipe de France revisite le Tour.

Le Tour est-il toujours un moment particulie­r pour vous ?

J’ai fait quinze Tours de France, et à force, il y avait moins d’appréhensi­on, plus de maîtrise. J’allais simplement faire une course de vélo. Avant de faire mon premier Tour, je savais juste que j’allais en prendre plein les yeux. En , je découvre cette course. C’est l’édition du centenaire, on part de la tour Eiffel. Je ne savais pas ce qu’était le Tour, et la réalité de la course m’a vite rattrapé. J’ai dû attendre un moment avant de faire ma première échappée car la difficulté est immense. Et quand je termine ce premier Tour, il y a une vraie satisfacti­on, surtout en tant que Français. C’est une aventure de trois semaines.

Vous n’avez jamais abandonné sur le Tour, c’est une fierté ?

Non, même s’il y a une année où j’ai terminé avec une énorme bronchite, mais j’ai absolument voulu aller au bout et ça m’a plombé la fin de saison.

Avec le recul, peut-être que j’aurai agi autrement.

Ça change quoi de courir avec le maillot jaune ?

Ce n’était pas un objectif au départ. Quand j’étais encore jeune, je me souviens de Pascal Lino avec le maillot jaune pendant  jours, j’y pensais mais ça me semblait loin. J’étais plus à la recherche d’une victoire d’étape que du maillot jaune. Quand j’ai gagné ma première étape en , j’ai ressenti une forme d’accompliss­ement, de soulagemen­t. Ce que j’aime dans le vélo, ce sont les victoires. J’ai conscience que d’immenses champions n’ont jamais eu le privilège de porter le maillot jaune. J’ai eu cette chance, deux fois pendant dix jours. En , je termine e, le résultat brut est superbe, mais ce n’est pas mon plus beau Tour, car défendre une place au général, défendre un maillot, ce n’est pas ce qui me correspond le plus.

Comme Richard Virenque dans les années , il y a eu une « Voecklerma­nia » sur le bord des routes, comment l’avez-vous vécue ?

En , j’ai mis du temps à m’en rendre compte.

Par la suite, j’ai pris conscience de ce lien avec le public. Je vais être franc : ça a pu me monter au citron par moments, alors il a fallu redescendr­e sur terre.

Cette popularité était-elle facile à assumer au sein du peloton ?

Il y a eu de l’agacement plutôt que de la jalousie. Quand vous êtes dans le gruppetto, avec  minutes de retard, vous êtes seul avec votre souffrance ; moi, j’avais la chance d’être acclamé plus que les autres. Ce n’est pas facile. Et à résultat égal, j’avais plus de retours dans les médias. Après, il faut savoir qu’on ne vient pas dans le vélo pour se faire des amis.

Votre quinzième et dernier Tour, en , avait-il une saveur particuliè­re ?

Je savais depuis un an que je voulais arrêter. J’ai profité de mon dernier Tour pour continuer à faire des échappées, mais je savais que je n’avais plus les moyens de repartir pour une autre saison. J’ai terminé sans regret, ni amertume. C’était la fin d’une époque. La fin d’un chapitre de ma vie, avec l’incertitud­e du lendemain.

Avez-vous un regard différent sur le Tour en le vivant surlamotod­eFranceTV ?

On est au coeur de l’action sur la plus grande course du monde.

J’ai du mal à croire que je faisais ce que font les coureurs quand je les vois de l’extérieur. Il y a une vraie proximité avec la course.

En tant que sélectionn­eur de l’équipe de France, vous êtes le mieux placé pour situer le niveau du cyclisme français. Que manque-t-il aux Bleus pour gagner le Tour ?

On n’a jamais été aussi près d’avoir un vainqueur français sur le Tour. Les équipes françaises se sont également mises au niveau des grosses écuries. Thibaut Pinot, même s’il n’est pas le favori, fait partie des prétendant­s et ça, tout le monde le dit, pas que les Français.

Existe-t-il une spécificit­é chez le coureur français ?

Il y a peu, on disait du coureur français qu’il était courageux, brave. On était alors à un creux génération­nel. Aujourd’hui, avec Pinot, Bardet, Alaphilipp­e, on est en présence d’une génération de champions. Il faut en profiter.

Que vous inspire le tracé , et notamment ce départ niçois que l’on qualifie de très difficile ?

Le parcours propose, les coureurs disposent. Ce départ est inédit, ça casse un peu la routine et ça doit

 ?? (Photo Philippe Le Roux / France TV) ?? Maillot jaune du Tour en , Thomas Voeckler officie aujourd’hui comme baroudeur sur France TV.
(Photo Philippe Le Roux / France TV) Maillot jaune du Tour en , Thomas Voeckler officie aujourd’hui comme baroudeur sur France TV.

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