Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Poulidor s’est payé deux fois Merckx
En , Eddy Merckx a ans. Le Belge vient de remporter les trois derniers Tours de France et les trois derniers Paris-Nice. Autant dire qu’il est ultra-favori de cette Course au soleil. Raymond Poulidor, lui, est sur la fin de sa carrière. Il s’apprête à souffler ses bougies lorsqu’il prend le départ d’une course qu’il n’a jamais remportée en participations. Pourtant, au matin de la dernière étape, un chrono de , km dans le col d’Eze, il pointe à la place, à seulement secondes du “Cannibale”. Une belle résistance, mais le vainqueur semble déjà connu. D’ailleurs, peu de journalistes se sont déplacés au sommet du col. Ils attendent en salle de presse le Belge et les papiers sont déjà rédigés. Pourtant, l’incroyable se produit. “Poupou” améliore son temps de secondes, bat le record de Merckx, gagne le chrono et remporte la course pour secondes face à un adversaire, il est vrai, un peu diminué par une chute quelques jours plus tôt. Jacques Anquetil, devenu directeur de course, lui tombe dans les bras. « Tu mérites mille fois ta victoire. Tu étais le meilleur sur la course ». « Depuis ans que je l’approche (le maillot de leader), c’est maintenant à ans que je l’obtiens. Je n’ose pas y croire. Je ne suis plus l’éternel second », réagit le vainqueur. « Poulidor, c’est le refus de vieillir », synthétisera Alain Mimoun, admiratif de la performance. Cet exploit, “Poupou” le réédite l’année suivante. Même course, mêmes acteurs, même scénario. Au matin de la dernière étape, toujours le chrono du col d’Eze, Eddy Merckx possède secondes d’avance sur Poulidor. Le Belge, cette fois en pleine possession de ses moyens, veut prendre sa revanche. Le Français joue son va-tout, emmène du gros braquet. « Durant toute la première partie de l’ascension, je ne m’assieds pas sur la selle ». Mais tout ne va pas aussi bien que l’an passé. Poulidor termine en ’’’ (contre ’’’ un an plus tôt) et il est battu par Zoetemelk. Il ne reste que Merckx à s’élancer. Le Belge n’est pas au mieux. Au bout de km, il a déjà perdu secondes. Il en lâchera au final. Poulidor s’impose pour secondes devant Zoetemelk et sur Merckx. Il signe un doublé à presque ans.