Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Étape : la montagne

- Textes : Romain LARONCHE

Lundi 18 mars 2019. Au lendemain de la présentati­on de Paris-Nice, Christian Prudhomme et Christian Estrosi dévoilent les deux premières étapes de ce Tour 2020. Depuis quasiment un an et demi, le monde du cyclisme salive à l’idée de voir le peloton se confronter à la haute montagne dès le deuxième jour. Un format inédit. « Notre rêve, avec la ville de Nice, c’était de voir épaule contre épaule, dès le premier week-end, ceux qui gagneront peut-être le Tour. Ce n’est pas un choix risqué, mais audacieux. Nous avons offert un terrain d’expression aux coureurs pour faire quelque chose de différent », expliquait alors Christian Prudhomme.

« La Colmiane, c’est assez roulant »

Mardi 24 juin 2020. Voilà le jour que nous avons choisi pour aller découvrir réellement ce que ce profil dentelé réservait. Avec nous, Cédrick Dubois, vainqueur de « l’Étape du Tour » l’an passé à Val Thorens, qui défendra son titre sur ce même parcours (le col des Quatre chemins en moins) en juillet 2021. Soit ce qui se fait de mieux en termes de grimpeur amateur français. Après le départ fictif donné de l’avenue de Verdun, à Nice, le peloton s’extirpera par la Promenade des Anglais, puis la plaine du Var, pour le départ réel. Pendant 45,5 km, jusqu’à La Bollinette, rendezvous avec un long faux plat montant, le long du Var, puis dans la vallée de la Tinée. « Les rouleurs vont trouver ça facile. C’est une partie où les échappées vont tenter de se former, explique le coureur du Team Granfondo France. Sur “l’Étape du Tour”, je vais essayer de partir avec eux, mais tu ne peux pas tout contrôler non plus, sinon tu laisses trop d’énergie et la course est perdue. Faudra vraiment faire gaffe. » Lorsque le peloton quittera la vallée de la Tinée pour tourner à droite en direction de La Colmiane, la course va changer complèteme­nt de style. Les premiers kilomètres sont les plus durs de l’ascension. Ce sera alors parti pour la première montée du jour, un col de 16,3 km à 6,2 % de moyenne. En 2018, les coureurs de Paris-Nice y avaient fait étape. L’Anglais Simon Yates s’était imposé tandis que Julian Alaphilipp­e avait craqué et abandonné ses rêves de victoire finale. En mars dernier, Nairo Quintana n’avait pas trouvé de rival à sa mesure, s’imposant aisément en solitaire. « Il y a quelques petites rampes, mais c’est quand même assez roulant, estime de son côté Dubois, le Blausascoi­s, qui ne ressent pas du tout les mêmes effets de la déclivité que le commun des mortels. Ça va rouler au train, tu peux t’abriter. En revanche, je vois bien une bonne échappée se constituer, avec des équipiers, qui pourront ensuite aider leurs leaders dans le col d’Èze. » Les lacets se succèdent, puis les longues colonnes d’une architectu­re un peu désuète mais emblématiq­ue de la station apparaisse­nt. Voilà le sommet. Le temps d’une première pause-café, au Blanc Gourmand,

seul bistrot ouvert dans cette période extrêmemen­t calme. «Onavu passer Chris Froome il y a deux jours, nous glisse Hervé le patron. Il y a pas mal de cyclistes du Tour de France qui viennent ici ces derniers temps. » Le temps passe et l’étape est encore longue. « Jusqu’à La Bollène-Vésubie, ça va filer », prévient le coureur licencié au MBC (MagnanBorn­ala cyclisme). La descente du col SaintMarti­n se décompose en deux parties. La première est rapide, technique. Sur 8,5 km, elle offre quelques panoramas plongeants magnifique­s sur la Vésubie. La seconde, entre SaintMarti­n-Vésubie et Roquebilli­ère, soit le pied du Turini, peut réserver quelques surprises. 7,5 km en faux plat descendant où le vent de face qui remonte la Vésubie use les organismes. «Ilnevautmi­euxpasse retrouver seul ici », confirme notre guide, qui ne demandera pas un relais.

Richie Porte et Diego Rosa aussi en “reco”

Soudain, la route tourne à gauche. Un panneau indique “sommet du Turini, 15 km”. Nous sommes dans la difficulté du jour. Les forts pourcentag­es ne tardent pas à arriver. Cédrick Dubois lâche les chevaux et nous donne rendez-vous plus haut. À La BollèneVés­ubie, on croise Richie

Porte, qui descend en sens inverse. Plus loin, c’est l’essai d’un pilote de rallye amateur qui bloque la route et contraint notre éclaireur à nous attendre. «Cecol fera mal. D’autant qu’il est fortement exposé au soleil. Il y a quelques passages bien pentus, où les grimpeurs peuvent sortir, mais je ne vois pas les leaders s’attaquer ici, lâche-t-il pendant cette pause forcée. En plus, porter le Maillot Jaune et le défendre dès le 2e jour, il n’y a pas d’intérêt. » Finalement, la route rouvre et l’ancien champion de France Master vole jusqu’au sommet. Le temps de prendre quelques photos et un autre grimpeur arrive aussi vite. Il s’agit de l’Italien Diego Rosa, lieutenant de Nairo Quintana chez Arkéa-Samsic. « Je n’ai pas fait l’étape en intégralit­é, mais je connais toutes les difficulté­s », glisse l’Italien, originaire de la province voisine de Coni (Cuneo) et installé à Monaco. Une discussion entre les deux grimpeurs s’engage. Aujourd’hui, il n’y aura pas de répit au sommet. Les pros fileront pour redescendr­e en direction de la vallée du Paillon. Après la traversée de Peïra Cava, ancienne garnison militaire des chasseurs alpins, vient la descente emblématiq­ue du col du Turini. Après l’intersecti­on de la Cabanette arrive la succession de lacets, « très techniques », de cette longue descente de 27 kilomètres jusqu’à L’Escarène. L’arrivée dans ce village de la vallée du Paillon, dont le centre-ville pointe à 360 mètres, marque la fin de la zone montagneus­e de l’étape. Notre reconnaiss­ance s’arrêtera ici. Il restera alors encore 60 kilomètres, dont 16 de vallée descendant­e jusqu’à Nice par le Paillon, trop fréquentée par les automobile­s pour poursuivre (la bonne excuse). Enfin, l’enchaîneme­nt col d’Èze, Quatre chemins dans le money-time, là où les cadors s’expliquero­nt.

Nice : départ fictif à 13h avenue de Verdun, départ réel à 13h20, sur la M6202 BIS, soit 11 km plus loin. Le Broc (km 16) : 13h41. Levens (km 20) : 13h46. Tournefort (km 29,5) : 13h59. Col de la Colmiane (km 63,5) : 15h05. Saint-Martin-Vésubie(km70,5) :15h13. Roquebilli­ère (km 80) : 15h23. Col de Turini (km 99,5) : 16h09. Lucéram (km 119,5) : 16h31. La Trinité (km 139,5) : 16h52. Col d’Eze (km 153) : 17h19. Nice (promenade des Anglais, arrivée km 186, face au théâtre de Verdure) : 18h08

La caravane : départ à 11h15 de Nice. La caravane empruntera le parcours avec des passages prévus au Broc à 11h57, au col de la Colmiane à 13h27, à SaintMarti­n de Vésubie à 13h35, au col de Turini à 14h36, à Lucéram à 14h58, à Nice L’Ariane à 15h19, au Col d’Eze à 15h49, avant un retour sur Nice à 16h13. Pas d’arrêt sur le parcours.

 ??  ??
 ?? (Photos Sébatien Botella) ?? Les fameux lacets du Turini en direction de Lucéram.
(Photos Sébatien Botella) Les fameux lacets du Turini en direction de Lucéram.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France