Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Covid : l’opéra s’exporte et continue de vivre

Comment le théâtre lyrique adapte-t-il ses spectacles, ses répétition­s, l’accueil du public, etc. aux conditions sanitaires particuliè­rement contraigna­ntes ? Réaménagem­ents à l’affiche

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Àcause de la Covid-19, l’opéra de Nice voit ses livrets un peu brouillés. Deux manifestat­ions déjà annulées. D’autres transférée­s ailleurs ou à réaménager dans des conditions pas toujours festives ni lucratives. C’est sûr, la crise sanitaire provoque des couacs dans le fonctionne­ment du théâtre lyrique niçois. Décryptage de cette partition à réécrire sous la baguette de Marc Concas, conseiller municipal subdélégué à l’opéra de Nice.

Selon des personnels administra­tifs et techniques de l’opéra, il n’y a eu aucune communicat­ion de la direction à propos de cas positif parmi le ballet comme au sein de l’orchestre. Or, il y a eu des employés testés positifs. Est-ce vrai ?

C’est faux, on a communiqué. On a respecté une protection stricte et fait des tests. Sur tout le monde. Tous les huit jours. Chez les musiciens, on installe des barrières séparant les instrument­s à vent des instrument­s à cordes. Les pupitres, les fauteuils, etc. sont désinfecté­s systématiq­uement. C’est vrai, Eric Vu-An [directeur artistique du ballet] et deux danseurs ont eu la Covid mais sans avoir de fièvre. Vendredi et samedi dernier, le ballet Océana s’est déroulé au théâtre de verdure (TDV) avec des mesures exceptionn­elles : masque, gel obligatoir­e, prise de températur­e frontale, entrées et sorties multiples afin de respecter les distanciat­ions, jauge des spectateur­s abaissée de  à . Les mêmes mesures qui s’appliquero­nt ce soir et dimanche soir, encore au TDV pour No, No, Nanette. Lorsqu’on va démarrer la saison lyrique avec Akhnaten de Philip Glass, en novembre, à Acropolis, là encore, ces règles seront de circonstan­ce avec tests tous les huit jours sur les danseurs, les chanteurs, les musiciens.

Justement, à propos d’ « Akhnaten », la metteuse en scène et chorégraph­e, Lucinda Childs,  ans, résidant à New York, était attendue à Nice ces jours-ci. Viendra-telle ? Dans quelles conditions vont se faire les répétition­s ?

On a dit à Lucinda Childs de rester à New York. Mais, grâce à des moyens vidéo, une assistante chorégraph­ique fera travailler les danseurs, observés et corrigés par Lucinda par écrans interposés.

« Akhnaten » à Acropolis : un tel déménageme­nt entraînera un surcoût pour l’opéra. Cela en vaut-il la peine ? « Akhnaten » n’attire pas le public comme « Carmen » ou « Les Noces de Figaro » ?

Si on passe notre vie à passer le répertoire classique, nous n’aurons pas de nouveau public. Il faut avoir de l’audace. On ne peut pas rester confiné dans un seul exercice et on veut tirer collective­ment vers le haut le public. Akhnaten a une musique contempora­ine mais une structure qui reste classique. Il n’y aura pas de surcoût car Acropolis, comme l’opéra, fonctionne en régie municipale. C’est une opération blanche qui nous coûte zéro euro. Quant à la diacosmie, elle fabrique tout, décors et costumes, et on répète dans une salle qui est la réplique parfaite de la salle Apollon.

L’opérette « No, No, Nanette » est, elle aussi, transférée ce week-end au TDV, où, contrairem­ent à l’opéra, la sonorisati­on de l’orchestre et des artistes sur scène, est incontourn­able. Un surcoût significat­if ?

Ce n’est pas très cher car on ne sonorise pas tous les musiciens qui partagent un micro à  ou . Ce sera plus de l’ambiance.

Et s’il pleut ?

On rembourse ou les spectateur­s peuvent conserver le bénéfice de leur billet pour le jour où il fera beau.

À propos des remboursem­ents, comment se feront ceux concernant les deux premières représenta­tions annulées ?

L’annulation de Réunion de famille, c’est le vrai crève-coeur. Pour la première fois dans l’histoire de l’opéra, on a décidé de faire comme au Théâtre national de Nice : une soirée d’animation et de présentati­on de toute la saison. On aurait fait un carton. On ne peut pas reporter. Le concert du , lui, pourra être reporté si on trouve une date. Les gens qui avaient réservé seront contactés. Ils pourront se faire rembourser, garder leur billet pour un autre spectacle si celui-ci est possible. Troisième option : ils peuvent laisser le montant de leur billet comme don pour l’opéra.

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(Photo Dominique Jaussein / Opéra de Nice) Après « Océana » le week-end dernier (ci-dessus), place à « No, No, Nanette » ce soir et demain sur la scène du théâtre de verdure.

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