Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
TENUE INCORRECTE ?
Le code vestimentaire à l’école divise Ce qu’en pensent parents, élèves, profs et spécialiste
Elles sont plusieurs à avoir reçu un mot dans le carnet ou à avoir été renvoyées chez elles pour se changer. Majoritairement des filles. Plusieurs d’entre elles, avec leurs parents, en ont assez. « Je suis un papa protecteur et je sais comment pensent les garçons », lâche Cédric Ventura, un brin agacé. Son rôle de père de famille, il le connaît. « Si je laisse partir ma fille au collège dans une certaine tenue, c’est que j’estime qu’elle est correcte. » Sa fille Tia est scolarisée à Joseph-Pagnol, à Saint-Laurent-du-Var. « Plusieurs fois, elle a été renvoyée à la maison pour se changer. » Un jour, c’est la hauteur de la jupe ou du short qu’on va pointer du doigt. Le lendemain, ça sera le tee-shirt, le jean troué ou jugé « trop moulant ». Majoritairement, ce sont les filles qui sont concernées par ces remontrances. Plusieurs d’entre elles, avec leurs parents, en ont assez et trouvent ça « injuste ».
« On les empêche d’exprimer leur personnalité »
« Si le jean est troué aux fesses, je comprends évidemment que ça soit refusé. Mais un trou au genou ? », s’interroge Cédric Ventura qui n’apprécie guère que sa fille soit dans l’obligation de retourner à la maison de bon matin. « S’il lui arrive quelque chose, le collège va se dédouaner complètement. » Le papa n’est pas le seul à trouver ça « pénible ». Dans la classe de Tia, il y a aussi Colyne. « Depuis la 6 , nos filles se prennent
e des réflexions ou des mots dans le carnet », partage Betty Truffert, sa maman. Pour un short trop court ? « On est sur la Côte d’Azur, il fait 30 °C et il n’y a pas de clim’ dans les salles. »
« Tout dépend de ce que dit le règlement intérieur », selon le rectorat
Le jean troué ou le célèbre « “crop top” [un style de haut court, ndlr] » ? « C’est la mode ! Il n’y a rien de vulgaire ! On veut quoi ? Les priver d’exprimer leur personnalité ? Ils n’ont qu’à les mettre en uniforme. » Comme Cédric Ventura, Betty Truffert estime que sa fille de 13 ans va au collège dans une « tenue correcte ». Les parents ont l’intention d’aborder ce thème lors de la prochaine réunion parents/professeurs. « En plus, c’est toujours ma fille qui a été réprimandée. Mon fils, pas une fois en quatre ans de collège ! », assure la maman. Evan (1), lui, vient de passer en seconde. Toutes ses années collège, le jeune homme de 15 ans les a passées à JeanSalines, à Roquebillière. Il se réjouit d’une nouvelle liberté retrouvée pour ses amies : « Au lycée, on les laisse tranquille. Elles s’habillent comme elles veulent. » Durant 4 ans, de la 6e à la 3e, il a vu ses copines recevoir des réflexions. « Pour rien, c’est vraiment n’importe quoi ! » La limite à la vulgarité ? « Qu’on ne voit pas leurs fesses. » Tout serait donc une histoire de limites à ne pas dépasser ? « Tout dépend de ce que dit le règlement intérieur de l’établissement », précise le rectorat de Nice. Chaque directeur d’établissement fixerait donc ses limites en matière de « tenue correcte ».
« Une injustice » Carros,
À au collège Paul-Langevin, plusieurs élèves ont remarqué « un peu moins de tolérance » sur les tenues depuis l’arrivée d’une nouvelle directrice. « Une camarade de ma fille a été convoquée le jour de la photo de classe pour un jean troué. On lui a aussi précisé qu’il était interdit de porter des débardeurs », rapporte Caroline. Toutefois : « On ne nous demande pas de traquer les vêtements, confie une surveillante, en aparté, la directrice rappelle aux adolescents qu’on n’est pas à la plage lorsqu’elle le juge nécessaire, c’est tout. » Ces histoires de réflexions pour des tenues jugées inadéquates restent légion. Et, elles sont souvent vécues comme « une injustice » pour les jeunes femmes. 1. Le prénom a été changé.