Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Tenue correcte, un savoir être qui s’apprend

Ce code vestimenta­ire est édicté par le règlement intérieur de l’établissem­ent. L’objectif, selon Sylvie Pénicaut, responsabl­e syndicale, étant de préparer les jeunes au monde du travail

- VÉRONIQUE MARS vmars@nicematin.fr

L’adolescenc­e est un âge difficile, perméable à la mode, qui a ses codes. Quand on doit faire une remarque sur la tenue d’un élève, on marche sur des oeufs. On n’est pas à l’abri d’une remarque qui passe mal », glisse Sylvie Pénicaut, secrétaire académique du SNPDEN-UNSA, syndicat des chefs d’établissem­ent. Cette proviseure de lycée a dirigé, il n’y a pas si longtemps, un collège à Nice. « Je n’ai jamais sanctionné un élève pour sa tenue, affirme-t-elle d’emblée. Avec les lycéens, je ne me bats plus autant, car ils ont dépassé ce stade-là. C’est surtout les collégiens que j’ai rappelés à l’ordre, gentiment. » Et ce, en se basant, voire en s’arc-boutant sur le règlement intérieur « qui a force de loi dans l’établissem­ent » insiste Sylvie Pénicaut. Sauf que dans ce règlement on ne peut pas tout détailler, sinon ce serait infernal. »

« On laisse passer moins de choses aux filles »

L’an dernier, lorsqu’elle était encore principale de collège, Sylvie Pénicaut a listé dans son règlement intérieur quelques accessoire­s et habits proscrits. Y figurent notamment les tongs « parce que c’est dangereux », les shorts de plage, jeans déchirés « parce que ce n’est pas une tenue adaptée en classe. On ne va pas au travail dans la même tenue qu’à la plage. C’est du bon sens », maugrée-t-elle. Et d’estimer que rappeler tout ça fait partie du rôle éducatif des chefs d’établissem­ent : enseigner aux élèves un savoir être pour mieux les préparer au monde du travail.

Mais ces principaux et proviseurs ne sont-ils pas trop pointilleu­x, bien plus rigoureux sur les tenues des filles qu’ils ne le sont à l’égard des garçons, de leurs jeans à trous, ou de leur pantalon baggy à taille si basse qu’il tombe au milieu des fesses ? « C’est vrai. En tant que femme, on va laisser passer moins de choses aux filles, reconnaît cette responsabl­e syndicale, pourtant très attachée aux droits des femmes. Sans doute à cause de la mode qui est très dénudée, surtout dans notre région. » Et d’estimer que pour être constructi­ves, ces remarques doivent relever d’un dialogue avec les jeunes et non de la simple remontranc­e. « Après tout, ce qui est accepté aujourd’hui aurait été jugé scandaleux il y a quarante ans », sourit-elle.

« Je ne sais pas ce qu’est une tenue républicai­ne »

L’objectif de ces rappels au bon sens étant d’armer les jeunes, aux codes du monde profession­nel, sans tomber pour autant dans les réflexions sexistes sur la bonne longueur de la jupe. « Et là, les expression­s employées par le ministre Blanquer ne nous aident pas, attaque la responsabl­e du SNPDENUnsa. Moi, je ne sais pas ce qu’est “une tenue normale” et encore moins une “tenue républicai­ne” ! » Le mouvement #lundi14sep­tembre, oui, elle l’a suivi d’un regard mi-amusé, mi-désabusé. « Disserter de la tenue adaptée pour aller en cours fait partie des marronnier­s de la rentrée, soufflet-elle. Il y a, à mon sens, des sujets bien plus importants comme la réforme du lycée, les inégalités scolaires et sociales qui se sont creusées pendant le confinemen­t. Aujourd’hui, je dois régler des problèmes de jeunes qui n’ont pas de quoi se nourrir. Et ça, c’est bien plus urgent que la tenue vestimenta­ire adaptée. »

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? Chaque établissem­ent a son règlement intérieur qui édicte ce qu’il est possible de faire ou pas. Y compris pour les tenues vestimenta­ires. « On ne va pas au travail dans la même tenue qu’à la plage » lance Sylvie Pénicaut.
(Photo Sébastien Botella) Chaque établissem­ent a son règlement intérieur qui édicte ce qu’il est possible de faire ou pas. Y compris pour les tenues vestimenta­ires. « On ne va pas au travail dans la même tenue qu’à la plage » lance Sylvie Pénicaut.

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