Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Tenue correcte, un savoir être qui s’apprend
Ce code vestimentaire est édicté par le règlement intérieur de l’établissement. L’objectif, selon Sylvie Pénicaut, responsable syndicale, étant de préparer les jeunes au monde du travail
L’adolescence est un âge difficile, perméable à la mode, qui a ses codes. Quand on doit faire une remarque sur la tenue d’un élève, on marche sur des oeufs. On n’est pas à l’abri d’une remarque qui passe mal », glisse Sylvie Pénicaut, secrétaire académique du SNPDEN-UNSA, syndicat des chefs d’établissement. Cette proviseure de lycée a dirigé, il n’y a pas si longtemps, un collège à Nice. « Je n’ai jamais sanctionné un élève pour sa tenue, affirme-t-elle d’emblée. Avec les lycéens, je ne me bats plus autant, car ils ont dépassé ce stade-là. C’est surtout les collégiens que j’ai rappelés à l’ordre, gentiment. » Et ce, en se basant, voire en s’arc-boutant sur le règlement intérieur « qui a force de loi dans l’établissement » insiste Sylvie Pénicaut. Sauf que dans ce règlement on ne peut pas tout détailler, sinon ce serait infernal. »
« On laisse passer moins de choses aux filles »
L’an dernier, lorsqu’elle était encore principale de collège, Sylvie Pénicaut a listé dans son règlement intérieur quelques accessoires et habits proscrits. Y figurent notamment les tongs « parce que c’est dangereux », les shorts de plage, jeans déchirés « parce que ce n’est pas une tenue adaptée en classe. On ne va pas au travail dans la même tenue qu’à la plage. C’est du bon sens », maugrée-t-elle. Et d’estimer que rappeler tout ça fait partie du rôle éducatif des chefs d’établissement : enseigner aux élèves un savoir être pour mieux les préparer au monde du travail.
Mais ces principaux et proviseurs ne sont-ils pas trop pointilleux, bien plus rigoureux sur les tenues des filles qu’ils ne le sont à l’égard des garçons, de leurs jeans à trous, ou de leur pantalon baggy à taille si basse qu’il tombe au milieu des fesses ? « C’est vrai. En tant que femme, on va laisser passer moins de choses aux filles, reconnaît cette responsable syndicale, pourtant très attachée aux droits des femmes. Sans doute à cause de la mode qui est très dénudée, surtout dans notre région. » Et d’estimer que pour être constructives, ces remarques doivent relever d’un dialogue avec les jeunes et non de la simple remontrance. « Après tout, ce qui est accepté aujourd’hui aurait été jugé scandaleux il y a quarante ans », sourit-elle.
« Je ne sais pas ce qu’est une tenue républicaine »
L’objectif de ces rappels au bon sens étant d’armer les jeunes, aux codes du monde professionnel, sans tomber pour autant dans les réflexions sexistes sur la bonne longueur de la jupe. « Et là, les expressions employées par le ministre Blanquer ne nous aident pas, attaque la responsable du SNPDENUnsa. Moi, je ne sais pas ce qu’est “une tenue normale” et encore moins une “tenue républicaine” ! » Le mouvement #lundi14septembre, oui, elle l’a suivi d’un regard mi-amusé, mi-désabusé. « Disserter de la tenue adaptée pour aller en cours fait partie des marronniers de la rentrée, soufflet-elle. Il y a, à mon sens, des sujets bien plus importants comme la réforme du lycée, les inégalités scolaires et sociales qui se sont creusées pendant le confinement. Aujourd’hui, je dois régler des problèmes de jeunes qui n’ont pas de quoi se nourrir. Et ça, c’est bien plus urgent que la tenue vestimentaire adaptée. »