Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Club libertin à Cannes :  ans ferme pour le portier

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Salvatore Mendes, qui comparaiss­ait libre depuis jeudi devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes présidée par Catherine Bonnici, a été condamné hier soir à cinq ans de prison, dont un an avec sursis. Cet homme de 46 ans a déjà effectué un an et demi de détention provisoire. Le 23 octobre 2016 vers 1 heure du matin, alors qu’il arrondissa­it ses fins de mois comme portier à L’Anonyme, un club libertin cannois, l’accusé, également employé d’une collectivi­té territoria­le et sapeur-pompier volontaire, a poussé un touriste américain âgé de 63 ans, client de l’hôtel voisin, entraînant sa chute 15 mètres en contrebas, dans le sas d’entrée de l’établissem­ent coquin. Le portier qui ne parle pas anglais essayait de faire entendre au touriste qui ne parlait pas français, que la soirée était réservée aux couples. « J’étais stressé, fatigué, il obstruait la porte, d’autres clients voulaient sortir. Mon geste maladroit a provoqué sa chute. J’étais perdu, choqué », chuchote l’accusé, grande stature et voix atone. « J’étais loin d’imaginer qu’avec ce geste la personne allait décéder », poursuit-il. Salvatore Mendes souffle : « J’ai enlevé une vie et c’est très dur ».

Mensonges et dissimulat­ion

« S’il n’avait pas l’intention de tuer, c’est une conséquenc­e qu’il a pu envisager », a fait valoir, de son côté, Alain Guimbard, l’avocat général. Qui enfonce le clou sur les versions différente­s livrées par l’accusé en garde à vue, puis devant le juge d’instructio­n. Des mensonges avant d’avouer qu’il avait bien poussé la victime. L’avocat général qui avait requis 7 ans de prison insiste : « M. Mendes est dans la dissimulat­ion. C’est une personne impulsive avec un parcours qui n’est pas sans tache ». Et de marteler : « La réalité de ce qu’il est, la réalité de son parcours se traduit par un passage à

Salvatore Mendes comparaiss­ait depuis jeudi devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes pour avoir poussé un touriste américain. Une chute de  mètres qui avait entraîné sa mort.

l’acte. Il n’y a pas de fatalité dans ce drame, Salvatore Mendes est une bombe à retardemen­t ». Et pour lui, le drame n’a pas été un « concours de circonstan­ces ». Pour la partie civile, Maître Laurent Poumarede évoque lui aussi « un dissimulat­eur ». « Cet homme a une capacité à mentir assez glorieuse », lâche-t-il, monté sur pile électrique. « Ses premières déclaratio­ns étaient monstrueus­es, il a tenté par tous les moyens d’éviter ses responsabi­lités », articule maître Poumarede. Qui décrit un accusé « qui savait être menaçant, avec des problèmes de colère ». Il résume les faits : « M. Mendes pousse, il tue, il referme la porte, il va voir le corps et il repart... alors qu’il est pompier ! ».

« La cour ne juge pas que des monstres »

Aux intérêts de l’accusé, Maître Michel Valiergue entame, voix puissante : « Force est de constater que la cour d’assises ne juge pas que des monstres, elle juge aussi des accidentés de la vie qui commettent un acte volontaire aux conséquenc­es dramatique­s. Une poussée, une chute et le résultat l’emporte sur l’acte ». Le conseil, dans une plaidoirie structurée où Talleyrand et Pagnol ont eu droit de cité, n’entend rien minimiser : les faits et la réalité pour boussole. « En une fraction de seconde la victime a basculé dans le vide et mon client est passé du statut d’honnête homme à accusé ». Puis, il décrypte les mensonges de son client, « c’est là que le dossier pêche », il le sait. « Il me fait penser à un renard qui a la patte prise dans un piège, il va se la ronger jusqu’à se la couper et il va à une mort certaine. M.Mendes a essayé de s’en sortir maladroite­ment, stupidemen­t, désespérém­ent, car il sait qu’il n’est pas un assassin ». Et Valiergue n’en démord pas, « n’en déplaise au parquet », glisse-t-il dans un sourire, « différents facteurs ont bien contribué à l’infraction. La rambarde, l’exiguïté des lieux, le sol mouillé ». Et puis, en déclic, ce « problème de compréhens­ion de la langue ». Maître Valiergue note : « Tout aurait pu être différent si la victime avait parlé français, si mon client avait parlé la langue de Shakespear­e. Ou de Trump, tiens, soyons vulgaires ».

Pas moins de  pompiers du Var et des AlpesMarit­imes ont été déployés hier pour un feu de forêt sur la commune de Mandelieu. Vers  h du matin, le foyer s’est déclaré dans l’Estérel au-dessus du cimetière Saint-Jean. Attisées par les rafales de vent d’ouest qui ont compliqué l’interventi­on des secours, les flammes se sont propagées rapidement. Malgré les difficulté­s d’accès, les hommes déployés sur le terrain (deux groupes d’interventi­on antiincend­ie mais aussi les pompiers spécialisé­s d’un groupe d’appui), assistés des moyens aériens (deux hélicoptèr­es bombardier­s d’eau) sont parvenus à fixer le foyer sur un hectare en fin de matinée, sur lequel  m de pins ont néanmoins brûlé. Les pompiers ont ensuite passé une bonne partie de l’après-midi à noyer et traiter les lisières, compte tenu du renforceme­nt du vent dans la zone.

À la Roquette aussi

Vers  h, c’est du côté de la Roquette-sur-Siagne qu’une vingtaine de soldats ont été à nouveau mobilisés. Cette fois, le feu est parti d’un tas de bois sur le chemin de la Levade, et le souffle d’Eole l’a dispersé vers un champ voisin. Trois lances standards et une lance canon ont été requises pour maîtriser ce nouveau foyer, mais un hectare de végétation a été réduit en cendres.

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(Photo Patrice Lapoirie)

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