Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
En prison après une carrière éclair de proxénète
Ses nombreux CV, déposés dans des enseignes de restauration rapide de la capitale azuréenne, n’avaient retenu l’attention de personne. A. S., originaire de région parisienne, descendu sur la Côte avant l’été, a donc décidé de se lancer dans un autre type de business. Du genre pas recommandable : le proxénétisme. Le jeune homme rencontre une Niçoise dans un bar à chicha et lui propose le deal. « On a parlé de prostitution. Il m’a dit que je pouvais me faire grave de sous. Je lui ai dit que j’étais chaude pour faire ça », a témoigné la jeune femme. Déroutant.
Quatre autres filles – des connaissances de la Niçoise venues de Lyon et Paris – seront embarquées dans « l’aventure ». L’une d’elles avait 17 ans. Voilà donc le jeune homme de 20 ans louant un Airbnb, rue Delille, à deux pas du centre des impôts, pour le weekend du 1er et 2 août. Sauf que le projet va rapidement capoter.
Une passe vire au pugilat
Le jeune homme, qui pensait se faire quelques billets faciles – il aurait réclamé 30 % des gains – va vite déchanter. Une altercation éclate avec un client pour une affaire de préservatifs. La discussion vire au vinaigre et se termine en pugilat dans la rue. Les filles sortent une barre de fer et un couteau contre le client, les policiers déboulent et embarquent tout ce petit monde. Le jeune homme, resté dans sa chambre, est convoqué. Il a été placé en garde à vue. Fin de cette carrière éclair de proxénète. A. S. était jugé ce mercredi devant le tribunal correctionnel. Il comparaissait détenu. Dans le box, son physique dénote avec celui de ceux qui emploient habituellement des prostituées. Du genre épais comme un sandwich SNCF. Pas vraiment la carrure pour assurer la sécurité des escorts girls. Les filles ont senti tout de suite qu’il n’était pas l’homme de la situation. « Il devait toucher 30 % des gains sur les passes. En fait, on ne lui a rien remis car on a compris qu’à part l’appart, il n’allait pas pouvoir faire grand-chose pour nous », a témoigné l’une des prostituées. A. S., d’un milieu social relativement confortable, n’avait, à son casier, que des condamnations minimes. Rien qui ne fasse écho à cette carrière de maquereau qu’il tentait d’embrasser. Le jeune homme, penaud, a fini par tout reconnaître à la barre, semblant sincèrement regretter les faits.
Me Benjamin Taïeb, du barreau de Nice, a plaidé l’erreur de parcours manifeste, l’absence de réseau et démontré tout l’amateurisme de son client et même des filles : l’une des escorts ne savait à l’évidence pas combien elle devait lui donner. La plaidoirie a été entendue. Alors que le procureur avait requis dix-huit mois dont six avec sursis, A. S. a été condamné à huit mois ferme avec mandat de dépôt. Il aura tout le temps, à la maison d’arrêt de Nice, de revoir ses CV pour trouver une activité plus recommandable.