Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
«Moonbeam of Fife» en tête des big boats
Régates royales Hier, ils ont été privés de sortie. Coup de vent (jusqu’à près de 65 km/h) oblige. Aujourd’hui, la météo permettra-t-elle aux voiliers de connaître leur dernière course cannoise ?
Vainqueur mercredi et jeudi ! Moonbeam of Fife (du nom du chantier de l’architecte naval écossais où ce voilier de course a été construit en 1903) est à vendre, ce qui ne l’empêche pas de cumuler les résultats dans les rangs des Big boats (voir ci-contre). Ce cotre aurique en bois de 32 mètres (3e d’une série de quatre Moonbeam, d’où son autre nom de Moonbeam III) se reconnaît au chiffre 88 arboré sur les tee-shirts blancs de son équipage et sa grand-voile. Basé à Cogolin, il est barré par Erwann Noblet, un ancien de la voile moderne. Un Breton taiseux qui préfère laisser causer le Mouginois Jean-Luc Arzel.
La température des marins le matin
« Ces navires sont de belles danseuses pour leurs propriétaires, il y en a toujours à vendre », explique, entre autres anecdotes, le marin qui, sur Moonbeam III , est à la grand-voile, et en tant que médecin au civil, assure le suivi des bobos qui ne manquent jamais de s’accumuler en course. Il prend aussi, chaque matin, à cause du coronavirus, la température de l’équipage qui ne porte pas de masque. « Pour ces bateaux en bois, reprendil, lorsqu’on lui demande le prix de vente qu’il ignore, ce n’est finalement pas l’achat qui pèse le plus lourd, mais le quotidien : la place au port, les salaires de cinq équipiers à l’année et la participation aux différentes régates du circuit classique d’Imperia, en Italie, à Marseille, au cours desquels il faut payer l’hôtel et la nourriture aux membres d’équipage supplémentaires, qui sont, eux, bénévoles. Idéalement
sur Moonbeam, une quinzaine, en plus des 5 salariés…» Et last, but not least : l’entretien du bateau lui-même : « Douze couches de vernis sur chaque bois. C’est une belle commode Louis XV ! s’amuse le toubib grand amateur de kitesurf en baie de Cannes. Cet été, le mât en bois a été changé ! » Cette année, à cause de la Covid, les voiliers de grande tradition ne sont pas tous présents. Mais sur l’eau Moonbeam toutes voiles dehors, fait toujours son effet : «En course, chacun des équipiers, la plupart marins très expérimentés, a
un poste précis. Il y a une belle cohésion sous la conduite du skipper et du tacticien. Il n’y a pas de place à la vanité. D’anciens capitaines se retrouvent à obéir », assure JeanLuc Arzel. Et chacun, en plus de son rôle en course, se voit confier une tâche supplémentaire. Frédérique Sibert, dit Momo, est régleur de trinquette… mais aussi responsable de l’intendance. Les sandwichs du midi et les tee-shirts à laver le soir, c’est pour lui. Et au civil ? Momo est capitaine de voiliers et motor yacht en freelance.