Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Enquête visant le Parquet national financier : deux magistrats dénoncent des « contre-vérités »
Deux magistrats du Parquet national financier (PNF), visés par une enquête administrative lancée par le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti [photo AFP], ont dénoncé, hier, par la voix de leurs avocats « les invectives et les contre-vérités dont ils ont fait l’objet depuis cette mise en cause », selon un communiqué envoyé à l’Agence France Presse. Le vice-procureur Patrice Amar et la procureure adjointe Ulrika DelaunayWeiss « contestent avoir commis tout manquement aux règles de la procédure pénale ainsi qu’aux règles déontologiques de leurs fonctions de magistrats du ministère public », soulignent Me Marie Lhéritier et Me François
Saint-Pierre, qui demandent à Éric Dupond-Moretti « de veiller désormais à la neutralité, l’objectivité et la dignité de son ministère ».
Plusieurs magistrats visés par une enquête de l’IGJ
Ces deux magistrats anticorruption, qui travaillent au sein du PNF depuis son entrée en fonction en 2014, sont visés, tout comme leur ancienne patronne Éliane Houlette, par une enquête de l’Inspection générale de la justice (IGJ). Celle-ci a été ordonnée le 18 septembre par le ministre de la Justice après la remise d’un rapport de l’IGJ sur le fonctionnement du PNF, mis en cause pour avoir épluché en 2014 les relevés téléphoniques détaillés (« fadettes ») de ténors du barreau, dont Éric Dupond-Moretti lui-même. Cette mesure avait été ordonnée par le PNF pour tenter d’identifier la « taupe » qui aurait pu informer Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog, ami de l’actuel garde des Sceaux, qu’ils étaient sur écoute dans une enquête pour des soupçons de corruption d’un magistrat. Le procès dans cette affaire est prévu du 23 novembre au 10 décembre à Paris. L’enquête administrative contre les trois procureurs est la première étape d’une éventuelle procédure disciplinaire devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Le ministre avait justifié son ouverture, estimant que certains agissements de ces magistrats dans cette affaire sont « susceptibles d’être regardés comme des manquements au devoir de diligence, de rigueur professionnelle et de loyauté ».