Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Une application pour se payer la binette des stars
Faute de tournages, matchs ou tournées bloqués par la Covid-19, des personnalités de tous horizons monnaient des messages personnalisés via Cameo qui offre plus de 30 000 célébrités
Et oui ! Figurez-vous que James Faulkner, hiératique seigneur Randyll Tarly carbonisé avec talent par un dragon dans Game of Thrones, joue du pinceau et du marteau dans le Var. Pas seulement pour rénover sa charmante bastide achetée au Plan-de-laTour voici dix ans (nos éditions du 20 août), mais aussi pour y aménager à l’intérieur, un mini-studio pour s’auto… filmer ! La « faute » au coronavirus qui depuis des mois immobilise et pénalise une profession d’acteurs en panne de plateau… Surtout lorsqu’on tourne principalement en Angleterre ou aux ÉtatsUnis comme le sieur Faulkner.
Adieu vieux autographes
Comme la nature a horreur du vide, voici qu’une petite application pour smartphone vient tirer son épingle du jeu en proposant à tous ces artistes en « chômage partiel », mais aussi à une tripotée de personnalités – de la bimbo de téléréalité aux anciennes gloires sportives – de monnayer leur image à grande échelle. Ou comment faire une rapide apparition, comme ils le font parfois dans un film, mais dans vos vies cette fois ! La définition même du Cameo, devenu le nom de la fameuse application fondée en 2016 à Chicago. Elle propose désormais un catalogue de plus de 30 000 célébrités disponibles pour poster une vidéo achetée par un proche avec à la clé message anniversaire à maman, surprise au conjoint en vue d’un mariage, félicitations à son enfant pour son diplôme ou encore rappelle à Monsieur de… bien sortir le chien à 18 h après les courses ! « C’est magnifique ! J’en ai déjà livré plus de 200, et vous êtes payé sous cinq jours. Je me suis même équipé d’un micro professionnel pour enregistrer les messages. Maintenant les acteurs se bousculent pour être sur l’application ! », s’enthousiasme James Faulkner qui ce weekend honorait une commande pour l’Inde et nous gratifiait, hier, au passage de sa dernière prestation pour les cinquante ans d’un joueur de billard américain.
Juteux business
Pourtant au départ, l’Anglais croisé dans Bridget Jones ou X-Men s’avouait méfiant… « C’est l’un des cofondateurs de cette start-up de génie, l’Anglais Martin Blencowe, qui m’a téléphoné directement en avril 2019 pour m’enrôler. Je lui ai répondu « Mmm… Je suis acteur. J’évite ça normalement ». Et puis il a fini par me convaincre. On contrôle tout. Jusqu’au prix que l’on peut changer quotidiennement si ça nous chante ! », poursuit James. Ce que ne s’est pas privée de s’autoriser l’une des habitués de nos rivages, Lily Allen. La chanteuse qui plafonnait jusque-là à 92 € la prestation démaquillée faite à la va-vite, a pris la mesure du juteux business. La voici repomponnée qui s’affiche depuis quelques jours à… 138 €. Mais encore très loin des dizaines de milliers d’euros exigés pour animer la soirée anniversaire des 50 ans du Byblos en 2017…
% empochés directement
N’empêche l’affaire est plus que rentable ! Une vidéo dure environ deux minutes et 75 % de la somme affichée va directement dans la poche de la « star » mise à contribution. De quoi rendre doux comme des agneaux des messieurs gros bras, comme l’ex-Ivan Drago de Rocky IV, abonné des Expendables et de la French Riviera, Dolph Lundgren qui, à 62 ans joue de la mâchoire carrée pour 322 €. Autre habitué, Snoop Dog qui « prêtait » sa silhouette chaloupée pour le clip Saint-Tropez de Jean-Roch l’été 2011, a revu ses ambitions à 690 € la prestation. Quant à Tara Reid, actrice blondinette autrefois en goguette à Saint-Tropez, devenue starlette au maquillage fatiguée, elle monnaie 115 € d’une voix pâteuse les miettes de célébrité de l’American Pie qui la révéla en 1999.
Vidéos en direct
Même la veuve du King, Priscilla Presley, 75 ans, qui à une époque, envisageait investir dans une villa les pieds dans l’eau à Saint-Tropez, récite son texte pour 138 €. Les sosies aussi cassent la baraque. Celui de De Niro pulvérise les demandes et se « vend » 72 € tandis que modestement celui du chanteur Ed Sheeran demande 23 €. La sélection par catégories, « sport », « cinéma », « téléréalité », « musique », etc. voire genre « rock », « hip-hop », « Dj », etc., rend l’usage de l’application ultra-simple. Et les exigences des stars sont aussi cadrées. Tommy Lee, batteur de Mötley Crüe et ex-tapageur mari de Pamela Anderson, précise, par exemple, qu’il refuse les sollicitations pour faire « la promo » d’une quelconque marque ou entreprise en échange des 368 € réclamés. Pour l’heure, aucune célébrité française sur les radars… Comme l’avoue James Faulkner, la plupart des demandes comme des célébrités, viennent des États-Unis. Cameo levait toutefois l’an dernier 50 millions de dollars pour se développer en Europe. Et comme la startup n’est pas à cours d’idée pour croître, elle a aussi lancé des chats par texto, des vidéos en direct avant d’envisager même des rencontres dans la vraie vie. Hollywood a du souci à se faire.
‘‘ Les acteurs se bousculent pour être sur l’application”