Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Restaurateurs et cafetiers ne lâchent rien
Les professionnels du secteur sont inquiets pour leur avenir, alors que le préfet doit annoncer la fermeture des bars à 22 heures, dès demain. Ils veulent se faire entendre
On ne va pas descendre dans la rue, on veut essayer de rester ouverts et constructifs », entame Fred Ghintran, patron du Félix-Faure à Nice. Mais, le vice-président de la Fédération des hôteliers-restaurateurs des Alpes-Maritimes en a gros sur la patate, comme la plupart de ses collègues d’ailleurs. Ils sentent le vent du boulet. «On sait ce qui nous pend au nez, ça va faire comme à Marseille. Lundi, ils vont fermer les bars à 22 heures. Ensuite ce sera aux restaurateurs », grogne le boss de cette institution niçoise. Les professionnels sont en colère : «Ona déjà dû vivre une fermeture de nos affaires pendant deux mois et nous n’avons reçu aucune aide de l’État. Les salariés ont été au chômage, mais tout le reste est resté à notre charge. Les loyers, les crédits à payer alors que rien ne rentrait dans les caisses », fulmine Fred Ghintran.
Demain, une délégation de cafetiers et restaurateurs sera reçue en préfecture. « On veut obtenir des garanties pour notre avenir. L’État prend des décisions pour des raisons sanitaires et on peut le comprendre, mais s’il décide de nous fermer, alors nous demandons des aides réelles pour faire face les 6 prochains mois. En voulant sauver des gens on en fait crever d’autres », réagit encore le vice-président de l’UMIH.
Les bars concernés pas les restaurants
Hier matin, le patron du Félix a, une nouvelle fois, réuni des confrères dans son établissement du centre-ville. Au coeur de leurs discussions : le « protocole sanitaire renforcé » mis en place par la Ville de Nice et présenté au préfet, avant le week-end, afin d’éviter que les bars – mais pas les restaurants qui pourront rester ouverts jusqu’à 00 h30 – soient obligés de fermer à 22 heures dès demain, comme l’a demandé, mercredi, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, en raison de la situation sanitaire à Nice passée en « alerte renforcée » au Covid-19. « On ne peut pas accepter un tel protocole. On marche sur la tête !
On ne va pas appliquer un protocole encore plus dur que le protocole existant qui l’est déjà », se désole un professionnel.
« Exclure les paiements en espèce »
« Nettoyage complet des toilettes y compris la poignée de la porte entre chaque utilisation », «exclure tout paiement en espèce », « terminal de paiement sous plastique à changer entre chaque utilisateur », « interdiction de fumer même en extérieur » : ces nouvelles mesures inscrites dans la charte sanitaire de Christian Estrosi agacent certains restaurateurs et cafetiers. « Et dans les hypermarchés ? Rien, on paie comme on veut ? Caddies pas nettoyés ! Mais le virus ne circule que dans les bars et restaurants...», grogne l’un d’entre eux. Un autre peste après la fin du paiement en espèces : «Etdans les boulangeries, ou les épiceries et les boucheries, on peut ? »
Fred Ghintran se positionne : « On ne peut pas souscrire à ça. Nous respectons les restrictions sanitaires depuis qu’elles ont été mises en place. Bien sûr, il y a une poignée de brebis galeuses, comme partout, qui ne les respectent pas. Il faut sanctionner ceux-là. » Et le restaurateur de préciser : «La Ville avec sa police municipale fait ce qu’elle peut. Mais l’État ne suit pas. La Ville a fait remonter 150 cas de non-respect des règles et il n’y a eu que 7 fermetures administratives. On ne veut pas payer pour les mauvais élèves ». L’épée de Damoclès au-dessus de la tête, il lâche : « A croire que le virus ne circule que dans nos établissements et pas dans les supermarchés ou les transports en commun ».
Salles de sport salles des fêtes
Jeudi soir, Christian Estrosi était confiant sur la possibilité d’échapper au couperet de l’État. Le préfet des Alpes-Maritimes devrait officialiser les annonces demain. Mais, selon une source préfectorale, le protocole sanitaire renforcé de la Ville n’a pas suffi pour faire pencher la balance. Outre les bars qui devront bien baisser le rideau à 22 heures, devront fermer les salles de sport privées, ainsi que les établissements recevant du public (ERP) pour tous les événements familiaux et sportifs. Christian Estrosi a prévenu dès jeudi que s’il n’arrivait pas à inverser la tendance, il ne mettrait pas sa police municipale à disposition pour faire respecter les nouvelles interdictions.