Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Tortues d’Hermann : un vignoble épinglé au Luc
Les tortues d’Hermann peuvent sortir la tête de leur carapace, elles ne risquent plus rien. Du moins au Luc, aux abords du domaine Château Lauzade. Le tribunal correctionnel de Draguignan a en effet reconnu ce vendredi Pierre Sénéclauze, propriétaire du Château Lauzade, coupable de « destruction non autorisée de l’habitat d’une espèce animale protégée non domestique ». Il a écopé, en son nom propre ainsi qu’au nom de sa société, de 65 000 euros d’amende.
« Une décision sanction »
L’entrepreneur chargé des travaux – déboisement et dessouchage – et son entreprise ont été condamnés pour leur part à une amende de 40 000 euros. Le tribunal reprochait à Pierre Seneclauze d’avoir déboisé et agrandi son domaine viticole au détriment de l’habitat de la tortue d’Hermann. Les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB, ex-Office national de la chasse et de la faune sauvage) avaient constaté le délit lors d’une visite en 2016. « Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet, c’est clairement une décision sanction, regrettait Me Mickaël Reghin à l’énoncé du jugement. On veut donner un exemple, mais à mon sens, ce n’est pas le bon dossier pour cela. » Implanté en lisière de la réserve naturelle de la plaine des Maures, sur une parcelle classée en AOC Côtes-deProvence, le Château Lauzade flirte avec la zone rouge de la carte de sensibilité pour la tortue mise en place par direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). « Seulement, durant toute l’instruction, l’OFB n’a effectué qu’une seule visite, en février 2016, et n’avait pas constaté la présence de tortue. Mais comme la zone apparaît en rouge sur la carte, on n’est pas allé chercher plus loin….» Me Reghin regrettait par ailleurs que l’administration, qui reconnaît se baser sur une carte approximative à vocation générale, « n’ait pas cherché à réaliser une étude sur parcelle particulière comme les textes le prévoient ». « L’étude réalisée en amont pour classer cette zone en rouge a été faite par plusieurs scientifiques et c’est rouge parce qu’il y a des tortues », avait répondu à cet argument Patrick Martin, agent de l’OFB lors des débats le 27 juin dernier. Au vu du montant des amendes, le tribunal a eu lui aussi une lecture stricte de la carte.