Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Maladies dermatologiques chroniques : l’alerte des spécialistes
Affolés par les informations autour du coronavirus, de nombreux patients sous immunosuppresseurs ont interrompu leur traitement. Au risque de voir leur maladie flamber
Ils l’appréhendaient. Ça s’est produit. Mais, ils ne voudraient que cela se reproduise. Alors que l’épidémie de Covid – après s’être éclipsée pendant l’été – occupe à nouveau tout l’espace public (et médiatique), les médecins craignent que des malades, sous traitement chronique, cessent de prendre leurs médicaments, par peur que ceux-ci n’augmentent leur vulnérabilité vis-à-vis du coronavirus. C’est le cas en particulier des personnes atteintes de maladies cutanées inflammatoires chroniques, psoriasis en tête, et traitées par des immunosuppresseurs (lire ci-contre).
Risque de poussée de la maladie
« Au début de l’épidémie, tout le monde était un peu dans le brouillard, rappelle le Dr Abdallah Khemis, responsable de l'unité d'essais thérapeutiques dans le service de dermatologie du CHU de Nice [dirigé par le Pr Passeron]. Affolés par ce qu’ils entendaient dans les médias, peinant parfois à joindre leur médecin, beaucoup de patients ont suspendu spontanément leur traitement. Les effets n’ont pas tardé à se faire sentir : certains ont vu leur maladie s’aggraver, d’autres, situation encore plus grave, ont été victimes d’un effet rebond. La maladie a flambé, s’exprimant parfois sous une autre forme. » Des propos volontairement alarmistes, pour prévenir des situations médicalement beaucoup plus complexes à traiter. Surtout ne pas arrêter de son propre chef ses biothérapies. Les recommandations des sociétés savantes sont formelles et elles s’assoient sur des données très rassurantes émanant des dermatologues qui ont exercé dans des zones fortement touchées par l’épidémie de Covid au cours du premier semestre. « Parmi les quelque 5 200 patients psoriasiques du nord de l’Italie traités par biothérapies au cours des mois de mars et avril derniers, aucun décès n’est à déplorer, et seules quatre personnes, qui présentaient par ailleurs des comorbidités (diabète et hypertension) connues pour augmenter le risque d’atteinte sévère, ont dû être hospitalisées », illustre le Dr Khemis.
Se faire vacciner contre la grippe
Des informations qui devraient tempérer les craintes des malades concernant leur traitement chronique. Pour autant, et sachant que les personnes souffrant de psoriasis en particulier sont souvent porteuses de comorbidités telles qu’un surpoids, du diabète, une hypertension ou encore une dyslipidémie, elles doivent se considérer à ce titre comme à risque de formes graves de Covid et respecter scrupuleusement les mesures barrières. « Et penser aussi à se faire vacciner contre la grippe, pour prévenir notamment le risque de co-infections », conclut le Dr Khemis.