Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Maladies dermatolog­iques chroniques : l’alerte des spécialist­es

Affolés par les informatio­ns autour du coronaviru­s, de nombreux patients sous immunosupp­resseurs ont interrompu leur traitement. Au risque de voir leur maladie flamber

- NANCY CATTAN

Ils l’appréhenda­ient. Ça s’est produit. Mais, ils ne voudraient que cela se reproduise. Alors que l’épidémie de Covid – après s’être éclipsée pendant l’été – occupe à nouveau tout l’espace public (et médiatique), les médecins craignent que des malades, sous traitement chronique, cessent de prendre leurs médicament­s, par peur que ceux-ci n’augmentent leur vulnérabil­ité vis-à-vis du coronaviru­s. C’est le cas en particulie­r des personnes atteintes de maladies cutanées inflammato­ires chroniques, psoriasis en tête, et traitées par des immunosupp­resseurs (lire ci-contre).

Risque de poussée de la maladie

« Au début de l’épidémie, tout le monde était un peu dans le brouillard, rappelle le Dr Abdallah Khemis, responsabl­e de l'unité d'essais thérapeuti­ques dans le service de dermatolog­ie du CHU de Nice [dirigé par le Pr Passeron]. Affolés par ce qu’ils entendaien­t dans les médias, peinant parfois à joindre leur médecin, beaucoup de patients ont suspendu spontanéme­nt leur traitement. Les effets n’ont pas tardé à se faire sentir : certains ont vu leur maladie s’aggraver, d’autres, situation encore plus grave, ont été victimes d’un effet rebond. La maladie a flambé, s’exprimant parfois sous une autre forme. » Des propos volontaire­ment alarmistes, pour prévenir des situations médicaleme­nt beaucoup plus complexes à traiter. Surtout ne pas arrêter de son propre chef ses biothérapi­es. Les recommanda­tions des sociétés savantes sont formelles et elles s’assoient sur des données très rassurante­s émanant des dermatolog­ues qui ont exercé dans des zones fortement touchées par l’épidémie de Covid au cours du premier semestre. « Parmi les quelque 5 200 patients psoriasiqu­es du nord de l’Italie traités par biothérapi­es au cours des mois de mars et avril derniers, aucun décès n’est à déplorer, et seules quatre personnes, qui présentaie­nt par ailleurs des comorbidit­és (diabète et hypertensi­on) connues pour augmenter le risque d’atteinte sévère, ont dû être hospitalis­ées », illustre le Dr Khemis.

Se faire vacciner contre la grippe

Des informatio­ns qui devraient tempérer les craintes des malades concernant leur traitement chronique. Pour autant, et sachant que les personnes souffrant de psoriasis en particulie­r sont souvent porteuses de comorbidit­és telles qu’un surpoids, du diabète, une hypertensi­on ou encore une dyslipidém­ie, elles doivent se considérer à ce titre comme à risque de formes graves de Covid et respecter scrupuleus­ement les mesures barrières. « Et penser aussi à se faire vacciner contre la grippe, pour prévenir notamment le risque de co-infections », conclut le Dr Khemis.

 ?? insiste le Dr Khemis. (Photo DR) ?? «L es sociétés savantes recommande­nt de ne pas arrêter les biothérapi­es, sauf en cas de signes d’infection à la Covid-, et toujours en concertati­on avec son médecin »,
insiste le Dr Khemis. (Photo DR) «L es sociétés savantes recommande­nt de ne pas arrêter les biothérapi­es, sauf en cas de signes d’infection à la Covid-, et toujours en concertati­on avec son médecin »,

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