Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

LE CASH, ÇA NE PAIE PLUS !

Vers la fin programmée des paiments en liquide Le règne de la carte et du sans contact

- Dossier : Eric FAREL efarel@nicematin.fr

Et si, pas plus tard que dans deux ou trois ans, l’argent liquide ne circulait plus en France ? Cela peut paraître totalement irréaliste mais pourtant la tendance est là, bien palpable. Et la crise sanitaire n’y est pas étrangère. Vous l’avez tous remarqué, l’incitation à payer via sa carte bancaire ou son smartphone est en vive accélérati­on. Parallèlem­ent, les retraits d’argent liquide enregistre­nt une baisse historique : moins 4 % en moyenne tous les ans, beaucoup plus depuis la fin du confinemen­t. C’est que le plafond du « sans contact » a été relevé à 50 euros. Une mesure qui a recueilli l’aval des Français. Ainsi, en 2019, pas moins de trois milliards de transactio­ns de ce type avaient eu lieu en France [un chiffre qui a triplé en trois ans, Ndlr]. Désormais, ce sont cinq milliards de paiements sans contact qui sont attendus en moyenne. Et selon le Groupement carte bancaire, 45 % des achats sont effectués de la sorte depuis la fin du confinemen­t. C’était 38 % avant...

Les opérations aux DAB en chute libre

Mais le désamour progressif des Français pour le paiement en liquide a également une origine plus terre à terre : la disparitio­n des distribute­urs de billets. On se souvient d’ailleurs que sauver les DAB était l’une des revendicat­ions fortes des « gilets jaunes », les banques mettant un point d’honneur à en supprimer régulièrem­ent 2 % chaque année. Et pas seulement dans les tout petits villages. À La Roquette-surSiagne, tout près de Cannes, les quelque 5 000 habitants n’ont longtemps eu que le choix d’aller à Pégomas, Mouans-Sartoux ou La Bocca pour tirer quelques billets au distribute­ur. La seule agence bancaire locale ayant fermé, l’accès à ce service avait été interrompu et seules des négociatio­ns avec la mairie ont permis de le rétablir voici peu. Interrogé sur le sujet par nos confrères du journal Le Monde, Erick Lacourrège, directeur général des services à l’économie et du réseau à la Banque de France, explique qu’entre le début et la fin de la période de confinemen­t, «les retraits de billets ont chuté de 50 % en volume et de 40 % en valeur. Du jamais vu au cours des quinze dernières années, note ce spécialist­e. Et depuis la réouvertur­e des commerces de proximité, le nombre d’opérations aux automates bancaires reste encore en retrait de 10 % en valeur et 20 % en volume par rapport à l’an dernier. » Plus grave encore : la Fédération des entreprise­s fiduciaire­s dresse le constat que beaucoup de commerçant­s refusent les paiements en argent liquide, notamment de grosses enseignes qui se retranchen­t derrière des raisons sanitaires. Elles estiment, en effet, que le paiement sans contact ralentit la transmissi­on du virus. Et même les boutiques d’envergure plus modeste s’y mettent, incitant la clientèle « à privilégie­r la carte, et notamment le sans contact. » Motif : le respect des règles d’hygiène – il n’y a pas d’échange direct entre l’acheteur et le vendeur – et la rapidité accrue du paiement. C’est bien. Sauf que, comme on le lira plus loin, cette pratique est totalement prohibée, a priori même en temps de crise... Qu’on se rassure tout de même, beaucoup de Français restent encore attachés à leurs pièces de monnaie, à leurs billets et même au paiement par chèque. De quoi offrir un petit sursis à ces moyens de paiement ?

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(Photo C. T.) La disparitio­n progressiv­e des distribute­urs de billets contribue à modifier les habitudes de paiement des consommate­urs.

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