Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Il abusait des personnes âgées : l’escroc au tapis Cagnes-sur-Mer

Le marchand de faux tapis persans qui a sévi à de prison, dont 6 avec sursis et maintien en détention a été condamné à 12 mois

- JEAN STIERLÉ

Bernard, 56 ans, un marchand ambulant qui propose des tapis en faisant du porte à porte, s’est retrouvé il y a quelques jours devant le tribunal judiciaire de Grasse. Il est prévenu dans une affaire d’abus de la faiblesse ou de l’ignorance d’une personne démarchée et de souscripti­on d’un engagement. Les faits remontent au 28 juillet dernier. Soucieux de financer le prochain mariage de sa fille, ce natif de Laval en Mayenne n’a pas hésité à proposer à sa victime, une dame âgée de 86 ans résidant à Cagnessur-Mer, un faux tapis persan. D’après le constat que fera un expert, le tapis en question est d’une facture quelconque, fabriqué mécaniquem­ent et de peu de valeur.

Victime accompagné­e jusqu’au distribute­ur

Il ira même jusqu’à accompagne­r sa victime, qui n’a plus toutes ses capacités mentales, jusqu’à la banque et un distribute­ur de billets pour se faire remettre 1500 en liquide et deux chèques de 2500 euros. C’est à cette occasion qu’il se fait appréhende­r par la police qui avait mis en place un dispositif de surveillan­ce après avoir repéré son camion Mercedes gris qui lui sert d’entrepôt. À l’intérieur, les inspecteur­s découvrent quatre tapis « persans », le tout estimé à 400 euros, cent certificat­s d’origine vierges, un RIB et des factures manuscrite­s. C’est après la plainte d’une voisine

Le  juillet dernier, ce marchand ambulant a tenté d’escroquer une Cagnoise âgée de  ans : il voulait le vendre un faux tapis persan. (Dessin Jean Stierlé)

d’une personne isolée et vulnérable, qui avait subi le même mode opératoire, quelques jours auparavant – mais là il s’agissait de la vente de matelas – que les forces de l’ordre ont remonté la piste de l’escroc. Deux individus agissaient de concert, et ont siphonné l’argent de cette victime de 92 ans en lui vendant un matelas pour 1200 euros tout en l’accompagna­nt à une banque pour retirer du liquide et lui faire signer des chèques complément­aires pour 1000 euros de plus.

On soupçonne ces individus mal intentionn­és d’agir en réseau et de se fournir des informatio­ns concernant des personnes vulnérable­s, une sorte de « fichier de clients faciles à abuser ». Bien que non concerné par ces affaires, un lien avec le prévenu était établi. Interrogé par le président du tribunal Lauri Duca, Bernard reconnaît les faits du bout des lèvres estimant « qu'en effet, il aurait du s’apercevoir que cette personne avait des problèmes et qu’il avait fait une erreur en lui vendant ce tapis ».

« Le problème ce n’est pas que vous ayez vendu un tapis à cette dame ,rétorque le magistrat, mais à une personne qui n’avait pas toutes ses facultés ».

Des ventes allant jusqu’à   euros

Elle relève sur le compte de Bernard des dépôts de chèque de 11 000 et 19 000 euros, voire des paiements en lingots et Louis d’or. Des ventes jusqu’à 80 000 euros sans aucune facture d’achat des marchandis­es. Des faits qui font d’ailleurs l’objet d’une enquête en cours. Pour sa défense, le prévenu dit s’être approvisio­nné aux puces et « souffrir d'une mauvaise image, appartenan­t à la grande famille des gens du voyage ». Père de trois enfants, son casier judiciaire compte trois mentions pour des faits d’escroqueri­e, de démarchage sans contrat et d’abus de faiblesse.

Réseaux de vendeurs malveillan­ts

Pour le procureur de la République Manon Duthoit, « Le prévenu a réponse à tout. On voit que ce type de démarchage peut-être abusif et dangereux. Il a l’habitude de tous les rouages et astuces propres à ces réseaux de vendeurs malveillan­ts ». Elle requiert 18 mois de prison dont 6 avec sursis probatoire de 2 ans et 10 000 d'amende. À la défense du prévenu, Me Denis Giraud (barreau de Paris) plaide que son client « a reconnu les faits et a agi par facilité. Pour cette dame âgée, avant les faits, personne ne s’est soucié de sa santé. C’est seulement après qu’on a procédé à une expertise aboutissan­t à une mise sous tutelle. Enfin il n'y a pas eu de préjudice puisque l’argent et les chèques ont été rendus ». Le tribunal condamnera Bernard à 12 mois de prison dont 6 avec sursis avec maintien en détention, à 5000 euros d'amende et confiscati­on de son véhicule et 1000 euros pour préjudice moral en faveur de la victime.

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